
Dans cet article - et les suivants -, je voudrais  entreprendre la description d'initiatives et de publications du monde  anglo-saxon en matière de formation à distance quant à la théorie et sa relation  à la pratique du Tutorat. Ici je voudrais introduire les travaux de Richard E.  Clark sur le paradigme socio-constructiviste pour la formation et  l'enseignement.
On le sait, hélas, le champ de la recherche en Sciences  de l'Education est souvent compartimenté par des questions d'approches et de  traditions théoriques mais aussi de "marchés" linguistiques,  avec un clivage  fort entre le monde francophone/latin et le monde anglo-saxon.
La revue  Distance et Savoirs publiée par le CNED (Centre National d'Enseignement à  Distance) dans son 
numéro 1  de 2009 (Volume 7) propose une 
interview (un entretien, pardon !) fort instructive, sous la  plume de 
Philippe Dessus (Laboratoires des Sciences de l'Education,  Université Pierre-Mendès France et à l'IUFM à Grenoble et 
Pascal Marquet (LISEC, Université de Strasbourg) du Professeur Richard E. Clark. Richard  Clark est professeur de psychologie de l’éducation et de technologie, ainsi que  directeur du Center for Cognitive Technology au sein de l’Université de la  Californie du Sud à Los Angeles.
Dans cet échange qui a eu lieu par  courriers électroniques, Richard Clark rend compte des travaux poursuivis par  son centre de recherche sur les questions de la théorie de la charge cognitive (  TCC) dans l'apprentissage, de l'Apprentissage par l'Expérience Guidé (GEL)  - Guided Experiential Learning -  ou encore sur les effets des modalités de la  médiatisation sur l'efficacité de l'apprentissage.
Il est l'auteur de la  maxime désormais célèbre : "Le média n’influence pas davantage l’apprentissage  que le camion de livraison des magasins n’influence les habitudes alimentaires  des clients qui y achètent la nourriture. ".
Richard Clark restitue à la  demande des chercheurs français la controverse qui anime la communauté  scientifique qui l'entoure - et qu'il a suscité- sur le paradigme  socio-constructiviste en formation ouverte et à distance.
Ainsi, met-il en  avant un certain nombre de travaux expérimentaux cherchant à évaluer les  conditions d'efficacité ou d'inefficacité de l'apprentissage :
 "Nous  montrons que « l’apprentissage par la découverte ou par l’enquête » est  inefficace pour tous sauf pour une très petite minorité (10 à 15 %) d’étudiants  (ceux qui sont très intelligents et/ou qui ont un très bon niveau de  connaissance des tâches devant être apprises). Nous montrons aussi que durant  cette dernière moitié de siècle, les recherches sur l’enseignement qui comparent  le constructivisme social (ou individuel) avec l’enseignement dirigé ont mis en  évidence sans la moindre ambigüité que des guidages très stricts (donner de  l’information sur quand, comment et pourquoi) sont les plus efficaces, quels que  soient les contextes social ou individuel. Nous sommes des êtres sociables. Nous  devons apprendre comment travailler avec les autres efficacement. Mais le  socioconstructivisme est la moins efficace des théories de l’enseignement, même  si elle mentionne très justement que l’on apprend à la fois en collaborant et en  résolvant des problèmes. "En France, dans les espaces de réflexion  sur les pratiques de formation, le socio-constructivisme apparait souvent comme  un horizon indépassable, une "tâche prescrite de l'ingénierie de formation"  comme le dirait le professeur Pierre Pastré.
Il est donc intéressant  de mettre en face des représentations sociales et professionnelles de ce qu'est  ou n'est pas un bon dispositif de formation, des données empiriques issues de  l'observation, recueillies avec des méthodes donnant toute leur place à  l'analyse effectuée par les acteurs comme celles déployées en Didactique  Professionnelle.
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