dimanche 5 octobre 2025

Fondements théoriques du tutorat à distance

Ce tableau synthétique présente les principaux fondements théoriques qui sous-tendent les pratiques du tutorat à distance. Il peut constituer un outil de référence pour les concepteurs de dispositifs de formation à distance, les tuteurs, les formateurs et les chercheurs s'intéressant au tutorat à distance. Il a été généré avec l'IA Claude 4.5

Structure et organisation

Le tableau est organisé selon une progression logique allant des cadres théoriques les plus généraux vers leurs applications pratiques concrètes. Il articule huit dimensions complémentaires :

Les fondements théoriques (colonnes 1 à 3) identifient les théories générales, les paradigmes d'apprentissage et les théories spécifiques qui éclairent les processus d'apprentissage à distance. Cinq grands paradigmes sont distingués : le béhaviorisme, le cognitivisme, le constructivisme, le socioconstructivisme et le connectivisme (ce dernier faisant encore débat quant à son statut épistémologique).

Les applications pédagogiques (colonnes 4 et 5) déclinent ces cadres théoriques en modèles pédagogiques reconnus et en pratiques tutorales concrètes. Cette articulation permet de passer de la théorie à l'action en identifiant les interventions tutorales cohérentes avec chaque paradigme.

Les dimensions opérationnelles (colonnes 6 et 7) précisent le rôle spécifique du tuteur dans chaque approche théorique et explicitent comment chaque paradigme traite les enjeux critiques de la formation à distance : l'autorégulation, la motivation et la présence. Ces trois dimensions sont essentielles à la réussite des apprenants en contexte distant.

Les références scientifiques (colonne 8) citent les principaux auteurs et chercheurs francophones et anglophones qui ont contribué à développer la recherche et les pratiques du tutorat à distance.

Intérêt et utilisation

Ce tableau met en évidence plusieurs éléments importants :

La complémentarité des approches : Aucun paradigme ne suffit à lui seul pour répondre à la complexité du tutorat à distance. Un dispositif tutoral efficace mobilise plusieurs approches de manière cohérente et contextualisée.

La cohérence théorie-pratique : Chaque pratique tutorale s'inscrit dans un cadre théorique qui lui donne sens. Comprendre ces fondements permet aux tuteurs d'adapter leurs interventions de manière réfléchie plutôt que de reproduire mécaniquement des "recettes".

L'évolution des rôles : Le rôle du tuteur évolue significativement selon le paradigme mobilisé, passant du contrôleur-évaluateur (béhaviorisme) au curateur-connecteur (connectivisme), en passant par le guide, le facilitateur et le médiateur.

Les spécificités de la distance : Les trois dimensions (autorégulation, motivation, présence) constituent des défis majeurs en formation à distance. Chaque paradigme propose des réponses différentes à ces enjeux, qu'il convient d'articuler en fonction du contexte et des besoins des apprenants.

Portée et limites

Ce tableau constitue une modélisation synthétique qui, par nature, simplifie la complexité du réel. Plusieurs auteurs (comme Ausubel ou Bandura) chevauchent plusieurs paradigmes, reflétant l'évolution et la perméabilité des cadres théoriques. De même, certaines pratiques tutorales sont transversales et peuvent être mobilisées dans différents paradigmes, avec des modalités et des intentions différentes.

L'usage de ce tableau ne doit pas conduire à un cloisonnement des approches mais plutôt servir de grille de lecture pour analyser ses pratiques, concevoir des dispositifs cohérents et enrichir son répertoire d'interventions tutorales. Il s'inscrit dans une perspective d'ingénierie tutorale telle que définie par Jacques Rodet, qui vise à concevoir, dimensionner et organiser de manière intentionnelle et systématique les services d'accompagnement des apprenants.



dimanche 20 juillet 2025

Pourquoi il est stratégique d’investir dans l’ingénierie tutorale. Plaidoyer pour une priorisation des moyens consacrés à l’accompagnement

La transformation des modalités de formation observée ces vingt dernières années place l’accompagnement des apprenants au centre des préoccupations des organismes. Loin d’être une simple modalité accessoire, le tutorat s’impose aujourd’hui comme « un facteur déterminant de réussite et d’engagement, en particulier dans les dispositifs à distance ou hybrides ». Pourtant, l’ingénierie tutorale reste souvent le parent pauvre des budgets alloués à la formation. Il est aujourd’hui impératif de renverser cette tendance.

La structuration d’une offre tutorale : un levier pédagogique majeur

L’ingénierie tutorale recouvre, je le rappelle, « l’ensemble des activités de conception qui permettent de définir, de dimensionner et d’organiser le dispositif d’aide, de support et d’accompagnement aux apprenants ». Ainsi, ce n’est pas seulement la présence d’un tuteur qui compte, mais le caractère intentionnel et structuré de l’offre tutorale.

Cette ingénierie permet une analyse précise des besoins d’aide des apprenants, qui ne sauraient être réduits à des généralités. « La réussite d’un dispositif dépend précisément de la capacité à anticiper les besoins de soutien, à identifier les points de fragilité et à organiser des réponses adéquates ». Il s’agit donc de penser, dès la conception, les modalités d’intervention, la fréquence, les outils et les compétences attendues des tuteurs. Cette démarche s’inscrit dans l’exigence d’une individualisation et d’une personnalisation de l’accompagnement. Là où l’individualisation offre de la modularité, « la personnalisation, rendue possible par la relation tutorale, répond aux singularités de chaque apprenant ».

Des impacts économiques immédiats et à long terme

Allouer un budget spécifique à l’ingénierie tutorale se révèle aussi pertinent sur le plan économique. Loin d’alourdir les charges, il s’agit d’un levier de rentabilité, de différenciation et de pérennisation de l’offre de formation. Comme je le souligne souvent : « Un dispositif doté d’une ingénierie tutorale explicite présente une valeur ajoutée tangible, visible et facilement communicable auprès des clients, qu’ils soient financeurs, entreprises ou apprenants. »

La démarche génère non seulement plus d’engagement — et donc de réussite et de fidélisation — mais ouvre la porte à la commercialisation de nouveaux services, dans une logique de montée en gamme. « Le retour sur investissement de l’ingénierie tutorale s’observe à travers la réduction du taux d’abandon et l’optimisation des coûts d’accompagnement, grâce à une allocation raisonnée des ressources. » En d’autres termes, l’investissement initial se traduit par des gains durables : économies de gestion, niveau de satisfaction plus élevé, taux de réinscription en hausse.

Se doter d’un avantage concurrentiel durable

Aujourd’hui, la concurrence dans le secteur de la formation est rude. Les organismes qui se distinguent sont ceux capables de proposer une expérience d’apprentissage à la fois efficace, humaine et personnalisée. « Articuler ingénierie pédagogique et ingénierie tutorale, c’est sortir d’une logique linéaire pour proposer des dispositifs évolutifs, dans lesquels les apprenants se sentent accompagnés du début à la fin de leur parcours. » Cette approche autorise la prise en compte des évolutions technologiques, mais aussi des attentes croissantes, en matière de suivi et de relation personnalisée, exprimées par les apprenants.

Agir par conviction et responsabilité

Considérer l’ingénierie tutorale comme un élément central, et non accessoire, revient à reconnaître que la réussite d’une formation repose principalement sur la qualité et la continuité de l’accompagnement proposé à chaque apprenant. Ainsi, l’efficacité des dispositifs de formation se construit d’abord grâce à une organisation méthodique, réfléchie et assumée du tutorat, plutôt que par le simple concours des circonstances.

Il appartient donc aux responsables de formation de réévaluer la ventilation de leurs budgets et de donner à l’ingénierie tutorale la place qu’elle mérite : celle d’un investissement stratégique, garant de la qualité, de la rentabilité et de la durabilité de leur offre de formation.

L’avenir des organismes performants s’écrit avec l’accompagnement, dès la conception des dispositifs. 


Texte généré par Perplexity à partir de ces prompts

Prompt 1 : en t'appuyant sur les publications de Jacques Rodet, rédige un article destiné à engager les organismes de formation à consacrer du budget à l'ingénierie tutorale. Utilises des citations. Développe un argumentaire convaincant tant sur le plan pédagogique que économique. Utilise un ton scientifique mais accessible et engageant. article de 2500 caractères

Prompt 2 : Il faut que la longueur du texte soit le double. Rédige comme si tu étais Jacques Rodet

Prompt 3 : Reformule le premier paragraphe de la conclusion qui est confus



vendredi 11 juillet 2025

Le tutorat à distance assuré par les assistants pédagogiques IA : une bonne idée ou une représentation tronquée du tutorat à distance ?










Propositions d’alternatives où humains et IA travaillent ensemble

Depuis le milieu des années 2010, les chatbots sont utilisés dans le digital Learning, l’expérience d’Ashok Goel de Georgia Institute of Technology à partir de 2016 en est un bon exemple. Déjà à cette époque, le site humanoides.fr  intitulait un de ses articles : « Et si votre tuteur scolaire était en réalité… un robot ! »

Je m’en étais fait l’écho dans un billet du Blog de t@d dans lequel j’avais analysé les interventions tutorales qui étaient dévolues à cet assistant pédagogique IA (cf. https://blogdetad.blogspot.com/2016/10/quelle-place-pour-les-robots-dans-le.html) qui se terminait ainsi : « Les robots et l'intelligence artificielle sont donc encore loin de pouvoir préempter les fonctions d'accompagnement des apprenants d'un digital learning. Le recours à des tuteurs humains apparaît encore indispensable pour répondre à l'ensemble des besoins de soutien des apprenants. »

Presque 10 ans plus tard, les choses ont-elles changé ?

Il est certain que le développement rapide de l’IA générative a popularisé le recours aux algorithmes pour réaliser de nombreuses tâches. Parmi elles, les interventions centrées sur l’accompagnement des apprenants sont désormais bien identifiées : informer sur le dispositif de formation et les modalités pratiques, annoncer les dates d’examens et de rendus de devoirs, envoi de rappels d’échéances, fournir des réponses immédiates aux questions fréquentes sur les contenus ou les consignes, apporter des explications complémentaires ou des ressources adaptées, présenter des méthodologies appropriées pour l’apprentissage, proposer des activités ou exercices adaptés au niveau et à la progression, produire des rétroactions formatives sur les travaux remis.

Ceci renforce la tentation de certains, qui depuis toujours ont souhaité faire l’économie de l’humain au sein du processus de formation (cf. le e-learning du début des années 2000), et qui aujourd’hui n’hésitent plus à affirmer que les médiations nécessaires entre le contenu de la formation et l’apprenant peuvent être complètement prises en charge par l’IA.

Au-delà des aspects marketing de ces dires, élément à ne pas négliger dans le paysage commercial incertain de l’IA générative (des acteurs de plus en plus nombreux pour un gâteau qui ne s’agrandit pas ou peu et dont les modèles économiques sont peu établis), ils traduisent davantage une méconnaissance des différentes dimensions du support à l’apprentissage qui est réduit au seul plan cognitif. Or, tous les pédagogues, enseignants, formateurs et tuteurs le savent, les besoins de soutien des apprenants ne se limitent pas aux connaissances notionnelles et méthodologiques mais relèvent également des plans motivationnel, socio-affectif et métacognitif.

En la matière, si des progrès ont été enregistrés par l’IA générative, elle reste incapable de solutionner à elle seule des cas complexes d’accompagnement tels que le mauvais fonctionnement d’un groupe collaboratif d’apprenants, la nécessité de réaliser un entretien qualitatif sur les motivations d’un apprenant proche de l’abandon, la prise de recul réflexive permettant à l’apprenant d’identifier les stratégies d’apprentissage qui sont efficaces pour lui, etc.

J’écrivais « à elle seule », ce qui signifie que dans certains cas, les tuteurs humains peuvent utiliser avec profit l’IA générative pour assurer un accompagnement plus abouti. J’ai donné des pistes dès 2020 dans un billet du blog de t@d de ce que peut être une cobotique tutorale, c’est-à-dire un partage des interventions tutorales entre l’IA et les humains (cf. https://blogdetad.blogspot.com/2020/04/pistes-pour-une-cobotique-tutorale.html). Outre ces pistes, j’ai posé également quelques principes dont celui qui consiste à ce que la décision de l’intervention tutorale, après diagnostic effectué par l’IA ou avec l’IA, reste l’apanage du tuteur humain, et ceci en dépit des promesses des éditeurs de LLM et des agents capables de traiter de manière autonome un certain nombre d’actions. Accompagner, c’est établir et entretenir une relation entre humains, empreinte de confiance. Comment faire confiance à une IA pour réaliser des interventions à portée humaine alors que l’on sait qu’elle génère régulièrement des hallucinations ?

Il n’en reste pas moins que sur le plan cognitif, les avantages des assistants pédagogiques IA sont indéniables. Disponibles en permanence, ils sont pertinents lorsque les données d’entraînement ont été judicieusement choisies par l’équipe pédagogique. Le temps gagné pour les tuteurs humains est manifeste et précieux.

Mais justement, que faire de ce temps et de cette valeur créée ?

Là encore, la tentation d’engranger le bénéfice et de supprimer les interventions humaines devenues superflues est grande. Le tutorat à distance ayant la (fausse) réputation d’être coûteux (combien coûtent les abandons ?), l’IA crée l’opportunité pour les institutions de se dégager rapidement de leurs responsabilités dans la réussite des apprenants et de la définition d’une véritable politique tutorale déclinée au sein d’une ingénierie tutorale.

Pour ma part, j’ose espérer que ce temps gagné, cette économie réalisée, soient réinvestis pour poursuivre de plus nombreux objectifs tutoraux (cf. matrice des OTG in « Pratiques du tutorat à distance. Livret d’interventions »

https://sites.google.com/site/pratiquesdetutoratadistance).

Trop fréquemment les institutions, pour faire face à leurs contraintes, sont dans le meilleur des cas,  obligées d’arbitrer entre les besoins de soutien des apprenants en ne retenant qu’un nombre réduit d’objectifs tutoraux à poursuivre, et dans le pire des cas, renoncent à tout dispositif d’accompagnement prétextant un coût insupportable. Celles qui relèvent du second cas, traduisent ainsi une méconnaissance profonde de la nature et des périmètres du tutorat à distance ainsi que de ses coûts réels, n’ayant pas fait l’effort de la quantification des interventions tutorales et de la réflexion sur leur modèle économique. Il s’avère qu’investir dans le tutorat à distance est presque toujours une bonne affaire, y-compris financièrement, que ce soit directement ou indirectement par le renforcement de l’image de marque. Quant à celles qui sont dans le premier cas, l’utilisation de l’IA peut significativement améliorer leur dispositif tutoral en choisissant de poursuivre un plus grand nombre d’objectifs tutoraux.

En définitive, l’intégration croissante de l’intelligence artificielle dans le domaine du digital learning ouvre des opportunités inédites pour enrichir et diversifier les modalités d’accompagnement des apprenants. Toutefois, il est essentiel de garder à l’esprit que l’IA, aussi performante soit-elle sur le plan cognitif, ne saurait remplacer la dimension humaine, irremplaçable dans la gestion des aspects motivationnels, affectifs et métacognitifs. L’avenir du tutorat à distance réside donc dans une complémentarité intelligente, où l’IA agit en soutien des tuteurs humains, libérant du temps pour des interventions plus personnalisées et qualitatives. Cette collaboration cobotique tutorale, doit être pensée et mise en œuvre avec rigueur, en plaçant toujours la relation de confiance et la réussite des apprenants au cœur des priorités. À terme, les institutions qui sauront investir dans cette synergie innovante renforceront non seulement la qualité de leurs dispositifs, mais aussi leur capacité à accompagner efficacement la diversité des besoins et des parcours d’apprentissage.


Texte rédigé avec l’aide de l’outil Perplexity pour la reformulation et la conclusion. Image générée avec ideogram.ai


samedi 21 janvier 2023

Parution du n°16 de Tutorales

 

Ce numéro de tutorales est un patchwork, assemblage de différents textes que j’ai déjà publiés sur le Blog de t@d ou sur mon site professionnel de 2020, année de parution du n°15 de tutorales, à ce jour. 
Si plusieurs textes, comme les deux premiers, sont dans l’esprit initial de cette revue puisqu’ils traitent exclusivement du tutorat à distance, à travers la lecture critique de la nouvelle compétence « Tutorer les apprenants à distance » ajoutée au REAC du titre de Formateur Professionnel d’Adultes et les usages que les tuteurs à distance peuvent avoir de Chat GPT, d’autres s’éloignent un peu de ce thème central. 

Deux autres caractéristiques de ces textes sont, d’une part, que j’en suis le seul auteur, d’où le surtitre patchwork et non varia, et d’autre part, qu’ils expriment mes points de vue sur différents sujets dans une écriture libre qui ne correspond pas aux standards habituels des revues. Ceci les rend donc éligibles à la publication dans Tutorales qui a toujours eu le souci de ne pas enfermer les auteurs dans les carcans de l’édition traditionnelle. 

Ainsi, plusieurs sujets d’actualité, parfois déjà ancienne, comme l’individualisation, d’autres issus de la période pandémique telle que la comodalité, l’incontournable « engagement des apprenants », mais aussi des intangibles comme l’intelligence collective, ou encore l’innovation, les feuilles de présence, côtoient deux autres textes se voulant plus de fond sur l’articulation de l’ingénierie de formation et l’ingénierie pédagogique des organismes de formation multisites d’une part, et comment associer le bricolage imposé aux tuteurs à distance, parfois revendiqué, et l’ingénierie tutorale qui est de la pleine responsabilité des organismes de formation. 

Je vous en souhaite une agréable lecture.

vendredi 13 janvier 2023

Chat GPT, un outil d'aide pour les tuteurs à distance ?














Introduction

Il est bien difficile d’échapper à l’actualité que Chat GPT a suscitée. Néanmoins, pour ceux qui aurait besoin d’en savoir davantage sur ce que permet Chat GPT, voici ce qu’il dit de lui-même : « ChatGPT est un modèle de traitement automatique du langage développé par OpenAI. Il utilise des techniques d'apprentissage automatique pour comprendre le contexte et générer des réponses écrites en langage naturel. ChatGPT est basé sur la technologie GPT (Generative Pre-training Transformer), qui a été pré-entraînée sur un grand corpus de textes pour comprendre le langage naturel. Il est capable de générer des textes de haute qualité, de répondre à des questions, de traduire des textes, de synthétiser de la parole et de faire d'autres tâches liées au traitement automatique du langage. Il est utilisé pour de nombreux scénarios tels que la création de contenu, la réponse automatique aux clients, la génération de dialogue, la traduction automatique, etc. »

Depuis sa mise à disposition, gratuite, mais pour combien de temps, de très nombreuses personnes ont testé son utilisation en fonction de leurs centres d’intérêt. Les enseignants et les formateurs ont été nombreux à s’inquiéter du fait que Chat GPT pourrait faire le travail à la place des étudiants et apprenants. Notons simplement, que si c’est le cas, ces derniers n’auront rien appris mais pourront éventuellement valider leur cursus. Ceci pose donc la question des formes d’évaluation pensées par les concepteurs pédagogiques. Il est certain que les quiz de connaissance, qui sont trop fréquemment utilisés en formation à distance, risquent de ne plus évaluer grand-chose. Il appartient donc aux concepteurs d’imaginer des activités d’évaluation qui ne soient pas uniquement centrées sur les connaissances mais bien sur leur utilisation en situation.

Je me propose, ici, de tester la capacité de Chat GPT à assurer un tutorat à distance des apprenants. Pour ce faire, j’ai repris, en les anonymisant, des messages que des apprenants m’ont envoyés en demandant à Chat GPT d’y répondre.


Quand Chat GPT formule des réponses à des messages d’apprenants

Message 1

Tout d'abord, je vous souhaite une excellente année 2021 ... qu'elle soit moins confinée que ne le fût 2020 !

Je me permets d'envoyer ce mail pour signaler que je ne serai peut-être pas des vôtres ce soir pour la CV, je n'ai plus de réseau tel depuis mercredi dernier et ce normalement jusqu'à mercredi prochain. Je travaille en partage avec mon tel mais d'expérience, le soir le partage fonctionne mal.

Donc, au cas où mon partage me lâche, je voulais m'en excuser par avance.

Mon groupe vous tiendra au courant sûrement, on avance sur le livrable.

Une soixantaine de questionnaires à étudier, des entretiens retranscris à valoriser, du travail nous attend mais on a les ingrédients pour avancer.

Je vous dis à tout à l'heure peut-être.

Réponse de Chat GPT

Je comprends votre situation et je vous souhaite une bonne résolution de votre problème de réseau. Je vous remercie de nous avoir informés à l'avance de votre éventuelle absence ce soir et je suis heureux d'entendre que votre groupe avance sur le livrable. N'hésitez pas à nous tenir informés de votre situation et de l'avancée de votre groupe. Je vous souhaite une bonne journée et une bonne chance pour vos études.

Commentaire

La réponse de Chat GPT est intéressante, toutefois l’utilisation du vouvoiement n’est pas adaptée à la relation qui s’était établie entre cet apprenant et moi, tuteur à distance. La formule « bonne chance pour vos études » n’est pas très heureuse car la chance n’influe que bien peu dans les apprentissages. Encourager l’apprenant à poursuivre ses efforts d’apprentissage serait plus adapté.

 

Message 2

Suite à tes CV, la lecture du blog de tad ainsi que certaines revues de tad, nous avons pu identifier les 8 briques constituant les actions de l'ingénierie tutorale (voir tableau ci-dessous).

Nous avons notamment utilisé ces points pour récolter les données convoquées et constituer les questionnaires quantitatifs/qualitatifs.

Nous souhaitons intégrer cette approche dans notre "mémoire" . Devons-nous la présenter dans la partie "méthodologie" et/ou dans la partie "analyse"?

Réponse Chat GPT

Il est approprié de présenter l'approche de l'ingénierie tutorale dans la partie "méthodologie" de votre mémoire, car c'est là que vous décrivez comment vous avez collecté et analysé les données pour votre étude. Il est important de décrire les briques de l'ingénierie tutorale que vous avez utilisées pour récolter les données et constituer les questionnaires quantitatifs et qualitatifs. Il est également utile de justifier pourquoi vous avez choisi cette approche en expliquant les avantages qu'elle offre par rapport à d'autres approches.

Il est également possible d'intégrer cette approche dans la partie "analyse" de votre mémoire pour montrer comment vous avez utilisé ces briques pour interpréter vos résultats et en tirer des conclusions. Il est important de maintenir une certaine cohérence dans la présentation de l'approche utilisée tout au long de votre mémoire.

Commentaire

Bien évidemment, Chat GPT n’a pas une idée très précise de l’ingénierie tutorale et sa réponse sur le plan méthodologique laisse donc à désirer. Toutefois, en formulant deux possibilités, toutes les deux réalistes, il réussit à produire une réponse qui amène l’apprenant à s’interroger sur l’utilisation des modèles proposés en cours.


Message 3

Je fais partie du groupe 1E sur le scénario tutoral. Durant la CV vous avez évoqué le fait qu'il fallait produire le conducteur des CV. Je souhaitais savoir si nous avions la même vision du conducteur de CV.

Pour moi, il regroupe les étapes et les actions menées par le formateur et les apprenants durant la CV avec le timing et les outils utilisés. Je dirai que c'est le déroulé de la séance lorsque je fais du présentiel.

Si je suis sur la bonne voie, faut-il rajouter l'objectif pédagogique lié à l'activité menée. 

Si je ne suis pas sur la bonne voie, pouvez-vous m'expliquer ce qu'est un conducteur de CV ?

Réponse Chat GPT

Vous êtes sur la bonne voie en définissant un conducteur de CV comme regroupant les étapes et les actions menées par le formateur et les apprenants durant la CV avec le timing et les outils utilisés.

Il est également important d'inclure l'objectif pédagogique lié à l'activité menée dans le conducteur de CV. Cela permet de s'assurer que l'activité est alignée sur les objectifs d'apprentissage et que les outils et les étapes choisis sont appropriés pour atteindre ces objectifs.

En général, un conducteur de cours est un document qui décrit les différents éléments de la séance de cours, comme le plan de cours, les objectifs d'apprentissage, les activités et les outils utilisés, les rôles et les responsabilités des formateurs et des apprenants, le temps alloué à chaque activité, les moyens d'évaluation, etc. Il est destiné à aider les formateurs à planifier et à organiser efficacement les cours, et à assurer la qualité de l'enseignement.

Commentaire

La réponse est de bonne qualité et redonne des éléments d’information sur l’ingénierie pédagogique qui sont valides pour la production d’un conducteur de classe virtuelle.

 

Message 4

Visiblement il y a un problème dans les CV

Je suis convoqué ce soir en tant que membre du groupe 2 alors que je suis dans le groupe 1 ... prévu pour demain soir.

Et je pense que je ne suis pas le seul.

Réponse Chat GPT

Il semble y avoir une confusion concernant les horaires des séances de groupe. Il est important de clarifier les dates et les heures de chaque séance pour éviter ce genre de confusion. Il serait utile de vérifier auprès du responsable du projet ou du professeur pour s'assurer que vous avez les bonnes informations. Il pourrait être également judicieux d'envoyer un e-mail à l'ensemble des membres de votre groupe pour les informer de la situation et s'assurer que tout le monde est au courant de la bonne date et heure.

Commentaire

La réponse est générale et ne permet pas de répondre précisément à l’apprenant qui veut savoir à quelle CV il doit participer. Par contre, le conseil d’envoi d’un mail à ses pairs, un message sur forum aurait été plus adapté, est pertinent et peut rappeler au tuteur à distance de le faire.

 

Message 5

Pour notre travail d'ingénierie tutorale, nous allons mener des entretiens à distance à partir de demain pour interroger les acteurs de la formation dont nous allons mettre en place le système tutoral.

Dans ce cadre, nous aimerions partager un PowerPoint avec les questions écrites pour guider notre entretien. Afin d'officialiser ce support auprès de notre interlocuteur et d'en indiquer visuellement le contexte, serait-il possible de récupérer un PowerPoint vierge avec la charte du Master ?

Dans le cas contraire, pourriez-vous nous informer assez rapidement de cette impossibilité ?

Merci pour votre aide et à très bientôt,

Réponse Chat GPT

Il est possible de récupérer un PowerPoint vierge avec la charte du Master pour utiliser comme support pour vos entretiens à distance. Il est conseillé de vous adresser à la personne responsable de la communication ou de la charte graphique de votre Master pour obtenir un modèle de PowerPoint conforme à la charte graphique. Il est également possible de demander de l'aide à l'équipe pédagogique pour vous orienter vers la personne compétente.

Il est important de noter que, pour des raisons de confidentialité, il est nécessaire d'obtenir l'accord écrit des personnes interviewées avant de partager tout enregistrement de l'entretien ou de tout document transcrit.

Je vous souhaite bonne chance pour vos entretiens. N'hésitez pas à me contacter si vous avez besoin d'aide supplémentaire.

Commentaire

L’affirmation du premier paragraphe est erronée car dans ce master il n’y avait pas de Powerpoint charté. De plus, la suggestion de demander de l’aide à l’équipe pédagogique est malvenu puisque c’est ce qu’a fait l’apprenant en contactant son tuteur. Par contre le rappel de la confidentialité est intéressant bien qu’il puisse être superflu. Il permet néanmoins au tuteur de vérifier s’il a bien formulé ce point dans l’énoncé de l’activité.

 

Message 6

Je voulais vous informer que je suis atteinte du covid depuis presque 4 semaines. Les symptômes ont progressivement été éloquents, grosses fièvres notamment pendant les cours et se sont estompés pour laisser une déficience ventilatoire en apport d'Oxygène.

Je suis sous oxygénothérapie à domicile et cela a un impact sur mon apprentissage. En effet, je me rends compte que je ne peux fournir un travail intellectuel d'apprentissage que pendant une heure d'affilée. Puis il faut que je me repose. Cela me permet au mieux 3h de travail par jour puisque je suis arrêtée depuis début novembre jusqu'au 6 décembre. Et donc que je n'ai pas de charge de travail autre que le master pour le moment.

Je ne me sens pas particulièrement en retard. Car je m'accroche.

Je suis aussi très intéressée par l'ingénierie tutorale et je pense que je serai dans le rythme pour notre regroupement. Je suis juste frustrée par ma fatigabilité intellectuelle en lien avec mes problèmes respiratoires.

Je voulais vous informer de cette période pour moi difficile. Mais je reste confiante dans mes capacités.

Réponse Chat GPT

Je suis désolé d'entendre que vous êtes atteinte de la COVID-19 et que cela a un impact sur votre apprentissage. Il est important de prendre soin de votre santé et de suivre les conseils de votre médecin en matière de repos et de traitement.

Il est également important de communiquer avec les responsables de votre formation pour discuter des options de flexibilité pour votre apprentissage en fonction de votre situation de santé. Il peut y avoir des délais pour les travaux ou des moyens de soutien pour vous aider à gérer votre charge de travail.

Il est également important de ne pas vous mettre trop de pression pour suivre le rythme des autres étudiants et de ne pas vous frustrer. Il est important de se donner les moyens de progresser à son propre rythme.

Je vous souhaite un bon rétablissement et n'hésitez pas à me contacter si vous avez besoin d'aide supplémentaire.

Commentaire

La réponse a une dimension empathique non personnalisée mais correspond à ce que ferait de nombreux tuteurs. Là encore, Chat GPT n’a pas compris que le destinataire du message de l’apprenant était le tuteur. Ceci a été provoqué par la formulation de la requête qui était « répondre à ce message ». Le résultat est meilleur lorsque la requête est « Réponse du tuteur de l'apprenant qui a envoyé ce message ».

 

Message 7

Nous sommes en difficulté dans notre groupe.

Comme je l'ai fait remarquer hier, nous avons pris beaucoup de retard dans ce projet car nous avons choisi le terrain de Nadia et que les données convoquées sont arrivées vers le 19-20 décembre par son intermédiaire. Nous n'avons pas un accès direct aux intervenants ( ou bien nous ne nous le permettons pas) ce qui crée une subordination au rythme et décisions de Nadia.  Le travail de collaboration est difficile avec elle. Elle n'était pas disponible pendant les vacances de Noel. En revanche il est aisé entre Audrey et moi. Nous avons besoin d'une médiation de votre part.

Comment pouvons-nous procéder?

Réponse Chat GPT

Il est important de discuter des difficultés rencontrées au sein du groupe avec un tiers impartial, comme un responsable de projet ou un médiateur. Il est également important de communiquer clairement les attentes et les besoins de chacun, ainsi que de chercher des solutions pour améliorer la collaboration et la communication au sein du groupe. Il peut également être utile de discuter de la répartition des tâches et des responsabilités, pour s'assurer que chacun comprend sa contribution au projet et que les attentes sont claires. Il peut également être judicieux de discuter de la disponibilité de chacun et de trouver des solutions pour travailler ensemble malgré les absences.

Commentaire

La réponse est d’ordre général et non pragmatique. Toutefois, elle peut aider le tuteur à préparer la rencontre avec le groupe afin de surmonter le conflit.

 

Que tirer de ces exemples

La première chose est à la charge du tuteur qui utilise Chat GPT, il doit être précis dans la formulation de ses requêtes afin que Chat GPT situe son rôle de tuteur.

Il est évident que les réponses fournies par Chat GPT sont d’ordre général et ne peuvent pas tenir compte du contexte ni de l’historique de la relation tutorale.

Les formules destinées à créer du lien et la construction de la confiance entre le tuteur et le tutoré sont absentes. De même, à quelques exceptions, pour les mentions rappelant la disponibilité du tuteur et les formules de politesse.

Les réponses sur le plan méthodologique sont simples mais correctes. Celles formulées par un tuteur humain pouvant être plus complètes et étayées.

L’usage des temps conditionnel et subjectif, si utiles aux tuteurs, est inexistant.

Les réponses sont affirmatives et la technique du questionnement ouvert n’est pas utilisée par Chat GPT.



Finalement, est-ce que Chat GPT est utile pour les tuteurs devant réaliser des interventions auprès des apprenants ?

Ma réponse est affirmative, sous réserve que le tuteur ne se limite pas à faire un copier-coller des réponses de Chat GPT. Il devrait davantage s’en servir pour identifier la structure de sa réponse et repérer des éléments dans le message de l’apprenant qu’une lecture rapide et une analyse insuffisante lui ferait négliger. Chat GPT n’est donc pas une baguette magique mais constitue un outil que les tuteurs à distance peuvent mobiliser pour être en mesure de réaliser des interventions plus qualitatives en n’oubliant de recontextualiser, d’utiliser les techniques de rédaction propres au soutien à l’apprentissage, et de manifester une empathie sincère et non de convenance.