Lors d’une activité récente d’émergence de connaissances
préalables sur le tutorat à distance par des apprenants (cf. http://blogdetad.blogspot.fr/2013/02/representations-dapprenants-sur-le.html),
plusieurs questions ont été formulées. Je les reprends ci-dessous de manière
thématisée et indique quelques éléments de réponse.
Le statut du tuteur
La première question est la suivante « Rôle et
reconnaissance du tuteur : à quand une définition et un référentiel de
compétences précis ? » La recherche d’un référentiel semble légitime mais
un référentiel pourrait sous-tendre l'idée d'un « tuteur-orchestre »
d'un « tuteur idéal » qui pourrait ou devrait assumer tous les rôles
de soutien à l’apprentissage (cf. « Des fonctions et des plans de support
à l’apprentissage à investir par les tuteurs à distance » http://blogdetad.blogspot.fr/2012/06/des-fonctions-et-des-plans-de-support.html).
Outre le fait que l'idéal est rarement observable dans la pratique, on peut se
demander s'il est souhaitable tant pour les apprenants, que pour l'institution
et les tuteurs eux-mêmes. Sur ce point cf. « Inconvénients de la figure du
"tuteur-orchestre" » (http://blogdetad.blogspot.fr/2009/09/inconvenients-de-la-figure-du-tuteur.html).
Dans les faits, les profils de tuteurs sont très variables d’un
dispositif à un autre et il apparait plus bénéfique de conjuguer ces profils au
pluriel au sein d’un véritable système tutoral.
Ci-dessous quelques liens vers des textes abordant la
question des compétences des tuteurs
- Les compétences des enseignants universitaires qui sont proches de celles des tuteurs à distance http://blogdetad.blogspot.fr/2012/05/les-competences-des-enseignants.html
- Paroles de chercheur : Lucie Audet http://blogdetad.blogspot.fr/2009/05/paroles-de-chercheur-lucie-audet.html
- (Re)découvrir : Les compétences des tuteurs à distance http://blogdetad.blogspot.fr/2011/05/redecouvrir-les-competences-des-tuteurs.html
Les deux questions suivantes : « Comment évaluer
le travail, pour prévoir et mettre en œuvre une rémunération ? » et « Comment
intégrer dans la charge de travail réglementaire le temps de tutorat qui, par
définition peut être beaucoup dans la réaction et donc, très inégale ? » sont
relatives au calcul de la charge de travail d’un tuteur à distance.
Pour être en mesure de quantifier le temps de travail des
tuteurs, il est nécessaire dans un premier temps de définir les plans de
support qu’il aura à investir, d’identifier et de concevoir les interventions
tutorales qui seront les siennes. C’est donc par un travail d’ingénierie
tutorale qu’il est possible de mieux quantifier la charge de travail d’un
tuteur. Sur ce point, je renvoie à mon article « Propositions pour l’ingénierie
tutorale » paru dans le n°7 de la revue Tutorales (http://jacques.rodet.free.fr/tutoral7.pdf)
et aux billets que j’ai publiés sur le site d’Educavox (http://www.educavox.fr/formation/analyses-27/article/ingenierie-tutorale-de-quoi-parle).
Il est tout à fait exact que les interventions proactives sont
plus aisées à quantifier. Toutefois, les interventions réactives peuvent
également être quantifiées de manière approximative (cf. les quantifications
proposées dans l’article précédemment cité). Il s’agit alors de raisonner sur
un forfait pour une promotion d’apprenants qui est ensuite divisé par le nombre
de participants. Certains apprenants utiliseront plus que la moyenne obtenue
mais d’autres beaucoup moins. La quantification prévue est à vérifier lors de
la tenue de la première session pour faire l’objet d’éventuels ajustements lors
de la deuxième. Ceci implique que les tuteurs disposent d’un outil de
comptabilisation de leur temps de travail dont la récente enquête de t@d montre
qu’il est souvent absent dans les institutions qui les emploient (« Résultats
d’enquête sur la comptabilisation du temps de travail des tuteurs à distance »
http://jacques.rodet.free.fr/tutoral10.pdf).
A la question « Quelles conditions matérielles de
travail donner au tuteur ? » les réponses des institutions sont très
variables. Une partie de l’activité des tuteurs est souvent réalisée en dehors
des heures habituelles de travail (soir, week-end), et à domicile. Lorsque les
institutions prennent en compte cela, elles dédommagent les tuteurs, sous forme
de prime, des coûts de connexion et d’impression de documents. Sur le lieu de
travail, il ne peut être que conseiller de permettre au tuteur de travailler dans
un espace privé (les espaces ouverts se prêtent mal à la tenue d’entretiens
téléphoniques ou par visioconférence). Sur l’aménagement de ces postes de
travail, je renvoie aux travaux de Jean-Paul Moiraud (http://moiraudjp.wordpress.com/).
Pour aller plus loin sur la question du statut du tuteur,
cf. le dossier de t@d sur ce thème à https://sites.google.com/site/letutoratadistance/Home/consulter/dossiers-de-t-d/statuts-des-tuteurs-a-distance
Recrutement et
formation des tuteurs
Les questions étaient les suivantes :
- "Comment trouver de bons tuteurs ?"
- "Comment former au tutorat à distance ?"
- "Comment aider les tuteurs s'ils rencontrent des difficultés ?"
A la première, il est difficile de donner des réponses très
précises. Il n’est pas plus aisé de trouver un bon tuteur qu’un bon concepteur
de FOAD ou un bon plombier. En l’absence d’une reconnaissance du métier de
formateur, il s’agit plus fréquemment d’une fonction seconde (en France du
moins) qui n’est pas créatrice d’identité professionnelle. La recherche par
annonce donne rarement de bons résultats. La recherche par réseau de
connaissances est davantage adaptée.
Mais plutôt que de recruter des tuteurs, il est possible d’en
former. Sur ce point, je renvoie aux billets parus sur le Blog de t@d qui
traitent de cette question http://blogdetad.blogspot.fr/search/label/formation
Les tuteurs rencontrent régulièrement des difficultés pour s’acquitter
pleinement de leurs très nombreuses tâches. Ils sont aussi fréquemment isolés.
Il est donc nécessaire de faciliter leur mise en contact. Deux pistes sont
envisageables. La première est l’émergence d’un coordinateur ou tuteur de
tuteurs (cf. « Tuteur de tuteurs à distance » http://blogdetad.blogspot.fr/2008/10/tuteur-de-tuteurs-distance-par-jacques.html).
La seconde est de favoriser la création de communautés de tuteurs. Des
informations sur la mise en œuvre de telles communautés sont accessibles dans
ce billet « La communauté de pratiques comme support de formation continue
pour les tuteurs à distance » http://blogdetad.blogspot.fr/2011/01/la-communaute-de-pratiques-comme.html
Modalités
Les questions étaient les suivantes :
- "Quand tutore-t-on ?"
- "Quelles formes de travail dans un tutorat collectif ?"
- "Je me pose des questions sur la connaissance du parcours que devrait avoir le tuteur s'il n'en est pas le concepteur (il peut avoir des compétences mais ne pas savoir comment elles ont été organisées dans le parcours ... vaut mieux qu'il soit d' accord avec les choix faits..."
On peut tutorer avant, pendant et après la formation. Les
modalités sont très diverses et plusieurs d’entre elles sont détaillées dans
les numéros 5 et 6 des Fragments du Blog de t@d (http://jacques.rodet.free.fr/fragtad5.pdf
et http://jacques.rodet.free.fr/fragtad6.pdf).
Le tutorat collectif suppose la présence de plusieurs tuteurs. Les problématiques sont essentiellement liées à celle de leur coordination et mutualisation (cf. les liens indiqués dans « recrutement et formation des tuteurs » ci-dessus).
Lorsque le tuteur n’est pas le concepteur du cours sur
lequel il va accompagner les apprenants, il lui faut en avoir une très bonne
connaissance. Le plus souvent, il est nécessaire qu’il effectue lui-même le
parcours de formation. Dans de nombreux dispositifs, les tuteurs sont ainsi d’anciens
apprenants. La formation proposée par l’AUF formule ainsi deux de ses objectifs :
« identifier et comprendre le modèle pédagogique mis en œuvre » et « s'approprier
et transmettre une approche pédagogique et un supports de cours qu'on n'a pas
conçu » (cf. http://blogdetad.blogspot.fr/2009/01/auf-certificat-international.html).
L’instauration d’un dialogue entre le concepteur et les tuteurs est bien
évidemment souhaitable. A noter que lorsque celui-ci est instauré assez tôt, le
tuteur peut s’imprégner plus facilement des orientations pédagogiques choisies.
La conception des interventions tutorales peut également être conjointe et
servir de matériau à la formation des tuteurs. Enfin, en sens inverse, le
tuteur, une fois la formation réalisée, peut remonter de nombreuses
informations utiles au concepteur pour la mise à jour de la formation.
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