mercredi 21 octobre 2009

Points de repères sur le support affectif que les tuteurs peuvent apporter aux apprenants à distance


Le support affectif est un des champs de support à l'apprenant qui est fréquemment identifié dans la littérature dédiée à la formation à distance. Plus rares sont les articles qui traitent de manière approfondie cette dimension du tutorat. Ce sera le cas dans un prochain numéro de la revue Tutorales.

D'ici là quelques point de repères

"Le [plan] socio-affectif regroupe les interventions du tuteur visant à lutter contre le sentiment et/ou la matérialité de l’isolement de l’apprenant. D’autres démarches socio-affectives du tuteur visent à ce que l’apprenant atteigne un objectif qui est largement transversal à toute formation en ligne, l’accroissement de son autonomie. En effet, l’autonomie ne peut se résumer à être un préalable demandé aux apprenants. Dans le cadre de formations basées sur une approche collaborative, et celle-ci est de plus en plus fréquente, le tuteur doit également agir comme un facilitateur entre les apprenants." (Rodet, 2007) Tutorat à distance : une fonction essentielle).

Nelly Guillaume dans son article "Un modèle d'animation : vision synthétique des fonctions tutorales" (2009) traite du support affectif et relève que le tuteur "peut être amené à gérer le découragement, l’envie d’abandon, en gardant l’équilibre entre écoute et empathie d’une part, encouragement et « coup de pouce », élan à redonner d’autre part."

El Ouizgani Hassan dans son texte "Apport du travail collaboratif médiatisé par les outils de communication dans un dispositif FOAD : cas du dispositif DAW"(2008) indique que "Dans les dispositifs FOAD récents, la prise en compte de l’interaction sociale comme soutien socio-affectif (donc aussi soutien à l’apprentissage, soutien à la motivation), amène à introduire l’interaction par les pairs."

Michel Umbriaco et Lynda Gosselin dans leur article "Emotion, cognition et formation à distance" (2001), évoquent le concept d'intelligence émotionnelle qui recouvre pour l'apprenant (et donc potentiellement comme champs d'intervention du tuteur) les éléments suivants relevant également du plan métacognitif :
  • La connaissance de ses émotions, autrement dit la conscience de soi ou le fait de pouvoir identifier ses propres émotions.
  • La maîtrise de ses émotions, soit la capacité d’adapter ses sentiments à chaque situation.
  • L’automotivation, c’est-à-dire la capacité de canaliser ses émotions pour se concentrer, se maîtriser et s’automotiver et la capacité de remettre à plus tard la satisfaction de ses désirs et de réprimer ses pulsions.
  • La perception des émotions d’autrui, soit l’empathie ou la réceptivité aux signaux subtils qui indiquent les besoins et les désirs des autres.
  • La maîtrise des relations humaines, soit la capacité d’entretenir de bonnes relations avec autrui, et donc de gérer les émotions des autres.
Et vous, quelle est votre définition du support affectif ? Quelles sont les interventions tutorales que vous privilégiez pour apporter un soutien affectif à vos apprenants ?

Illustration : Louis Morris, Omega IV (1959-60)


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merci Jacques de pointer cette question.

Fonction essentielle et peu/pas valorisée par "les instances politiques" qui ne fait pas toujours le lien entre ce rôle et le niveau de non-abandon. Dommage.

j'interviens dans des actions pour lesquels il n'y a pas de travaux en collaboration mais une mutualisation des travaux individuels sur un forum qui permet des échanges informels avec comme visée de "rompre l'isolement". Les publics sont des adultes en situation professionnelle qui suivent une formation "en dehors des heures de travail". Ici enfants et même petits-enfants sont à prendre en compte.(le contexte de mes propos qui suivent)

Les échanges directs tuteur-stagiaire sont également possibles dans ce contexte, et c'est cette dernière modalité qui est souvent exploitée dans le rôle qui nous préoccupe ici.
Des outils permettent de suivre le niveau d'engagement des apprenants. A nous, tuteurs (tutrices en l'occurrence :-) à évaluer les motifs lorsque le niveau d'engagement paraît faible. Dans certains cas, cela correspond à un choix de l'apprenant qu'il faut respecter. Mais plus souvent à un découragement....

Je me suis totalement retrouvée dans les propos de Nelly Guillaume.
J'ai par contre des difficultés à distinguer formellement le soutien socio-affectif du soutien motivationnel, que je regroupe sous une même bannière.

En 4 sessions, alors que l'on n'a que très peu pour ne pas dire aucun moyen pour améliorer la qualité (médiocre sur le plan pédagogique) des ressources ce qui permettrait d'améliorer l'environnement d'apprentissage et diminuerait ainsi certaines sources de stress, les actions liées à l'aspect socio-émotionnel me paraissent cruciales, plus même - dans notre - cas que la compétence sur le domaine de la formation.

Découragement, baisse de la motivation.... et plus globalement stress !

Le cursus étant lourd - confirmation par ceux qui y sont passés -, ce rôle (socio affectif) est absolument essentiel pour non seulement palier le risque d'abandon, mais aussi simplement pour favoriser la sérénité servant les apprentissages.
Ces actions ici répondent au découragement lié à la charge de travail, souvent mal évaluée et à la complexité même du travail à accomplir.
- valoriser le travail accompli et soutenir l'apprenant face au travail restant à accomplir (=> agir sur le découragement, l'estime de soi)
- empathie (faire s'exprimer sur, prendre des nouvelles, suggérer de nouvelles modalités organisationnelles...) lorsque des problèmes liés à l'environnement personnel s'y mêlent - santé, travail, famille dans le désordre (=> agir sur le stress)

Mais il arrive aussi que ce découragement (avec risque d'abandon) soit lié à une orientation professionnelle ébranlée voire (pour un cas cette année) remise en cause. (je cherche d'ailleurs des ressources documentaires sur ces cas que je trouve peu abordés dans la littérature scientifique...). Un travail de type "orientation professionnelle" permet d'agir sur les hésitations et l'angoisse face concrètement à la dépense engagée par l'apprenant pour cette formation (et non l'employeur), alors qu'il se sent prêt à abandonner faute de voir une utilisation réelle ultérieure de cet investissement.

Si l'on se donne comme objectif non seulement l'atteinte des objectifs pédagogiques, mais l'atteinte de ces objectifs dans la sérénité (et pourquoi pas la joie) et non dans la souffrance, ce rôle devient me semble-t-il encore plus important. Je suis contre l'idée qu'il faille souffrir pour y arriver.

Il me semble que la gamme des situations est donc encore plus large que ce qui est traditionnellement évoqué pour ce rôle.
On attend tutorales avec impatience ! Dalb