Pour produire le premier livrable de l'ingénierie tutorale, plusieurs actions sont nécessaires : i) recueillir et analyser des données sur les représentations des besoins de soutien des apprenants tant du point de vue de l'institution, de l'équipe pédagogique dont les tuteurs, que des apprenants. Il est également utile de convoquer la littérature sur le tutorat à distance qui traite de ces besoins de soutien ; ii) prioriser les besoins de soutien afin d'identifier ceux feront effectivement l'objet d'interventions tutorales ; iii) définir les profils de tuteurs qui réaliseront ces interventions tutorales.
L'étude de criticité est une des méthodes permettant de prioriser les besoins de soutien (cf. Prioriser les besoins de soutien des apprenants à distance pour déterminer ceux qui doivent faire l'objet de réponses tutorales) et ma communication à ADUTICE).
La criticité est une notion qui nous vient de la prévention des risques. Elle permet d'estimer la criticité d'un risque à partir de sa gravité et de sa probabilité. Dans certains contextes, comme les risques naturels ou l'analyse des modes de défaillance industrielle, un troisième critère, la capacité du système de veille à détecter un risque potentiel, est pris en compte.
Dans le cadre de l'ingénierie tutorale, ce dernier critère n’est pas retenu dans la mesure où d'une part, l'analyse des représentations des besoins d'aide vise justement à établir une liste stabilisée de ces besoins pour un contexte donné, et que, d'autre part, l'exhaustivité n'est pas atteignable dès lors que l'on traite de comportements humains.
Ici, l’étude de criticité a pour but de qualifier le risque pour les apprenants d'une non réponse tutorale à un besoin de soutien identifié. L'étude de criticité permet donc de hiérarchiser les besoins en fonction des risques encourus par les apprenants et par là de prioriser les réponses tutorales, de distinguer celles qui sont indispensables de celles qui sont souhaitables et de celles qui sont accessoires. S'il y a un risque à forte criticité à ne pas répondre à tel ou tel besoin (en rouge dans le schéma ci-dessous), alors il est indispensable d'apporter une réponse tutorale. Si au contraire la criticité est faible (en gris), il est acceptable de ne pas apporter de réponse tutorale. Si la criticité est moyenne (en orange) la décision de mettre en place une réponse tutorale dépendra des contraintes contextuelles qui seront à qualifier (cf. le tableau des contraintes). L'étude de criticité sert donc à passer d'un système tutoral idéal à un système tutoral adapté ou plus réaliste.
Le taux de criticité est le produit de l’indice de gravité du risque par l’indice de probabilité du risque
Criticité = Gravité x Probabilité
Afin de tendre vers l'objectivation de la criticité d'un risque encouru par les apprenants en cas de non réponse tutorale, il est nécessaire de préciser les indices de gravité et de probabilité. Si la détermination de ces indices par la personne qui effectue l'étude de criticité ne peut prétendre à une pleine objectivité, elle permet néanmoins d'éliminer l'arbitraire du choix.
Exemple de qualification des indices de gravité du risque
Qu’est-ce qu’un risque grave ? Comment distinguer un risque grave d'un risque très grave ? Voici un exemple de qualification d’indices de gravité :
- 1 : Peu grave : le dommage est sans conséquence sur les apprenants et leur apprentissage
- 2 : Grave : le dommage ne provoque pas de rupture de l’apprentissage mais à des conséquences sur les apprenants
- 3 : Très grave : Le dommage entraîne une rupture temporaire de l’apprentissage mais ceci est réversible par la mise en oeuvre d'actions réparatrices auprès des apprenants.
- 4 : Fatale : Le dommage est irréversible et entraine l’abandon de leur formation par les apprenants
Exemple de qualification des indices de probabilité du risque
- 1 : Peu probable : la littérature ne traite pas de ce risque et/ou l’expérience montre qu’il concerne un très faible pourcentage d’apprenants (moins de 10%)
- 2 : Probable : le risque est repéré dans la littérature et/ou l’expérience montre qu’il concerne un nombre significatif d’apprenants (de 10 à 35%)
- 3 : Fort probable : le risque est traité par la littérature qui indique des pistes de solutions et/ou l’expérience montre qu’il concerne un nombre élevé d’apprenants (de 35 à 65%).
- 4 : Certaine : le risque fait l’objet d’un traitement répété et approfondi par la littérature et/ou l’expérience montre qu’il concerne la plupart des apprenants (plus de 65%)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire