Depuis quelques mois, les annonces d'outils ayant recours à la visioconférence sont de plus en plus fréquentes. De même, les solutions de classes virtuelles se multiplient. Certaines sont à intégrer dans des plateformes de e-learning comme DimDim qui peut être implémentée dans Moodle. D'autres services tel MeBeam offrent la possibilité de bénéficier d'une visioconférence en ligne à partir d'un simple site Internet. Par ailleurs, l'utilisation de MSN ou de Skype habitue de nombreuses personnes à être présentes visuellement à distance. Bref, la communication synchrone à distance se développe et surtout elle devient largement orale au détriment des dialogues écrits.
Quelles peuvent être les conséquences de cette tendance sur les interventions des tuteurs ? Un directeur d'une des plus grosses sociétés françaises de e-learning me faisait part de sa conviction que la visioconférence deviendrait la norme en matière de tutorat et que cette technologie contribuerait fortement au développement du tutorat dans la mesure où cette modalité réintroduisait une manière simple de mesurer, au temps passé, le volume du support à l'apprentissage en direction des apprenants.
Il est probable que la simulation de la rencontre présentielle via la visioconférence soit plus acceptable par les clients du e-learning, car plus proche de leurs représentations et de leurs vécus. De manière comparable, il apparaît que, selon certains, l'avenir du e-learning résiderait dans la numérisation des ressources pédagogiques ainsi que le laisse entendre I. Henri dans son rapport à Valérie Pécresse dans lequel il préconise la massification des enregistrements de cours en amphi comme moyen de rattraper le retard des universités françaises en matière de production de ressources numériques pour la FOAD.
Ainsi, tant en matière de production des contenus de FOAD que pour l'accompagnement des apprenants, la solution d'avenir serait la visioconférence. Sans affirmer que cela ne sera pas, j'entrevois que cela puisse se traduire par une certaine régression pédagogique. En effet, la FOAD et la médiatisation des ressources ont été l'occasion, pour de nombreuses institutions et formateurs, de repenser leur pédagogie et de procéder à des ré-ingénieries qui leur imposaient d'identifier, de nommer et d'adapter leurs pratiques. Dès lors où la mise à distance se limiterait à une sorte de copier-coller des situations présentielles, ces efforts d'ingénierie pédagogique ne risquent-ils pas de passer à la trappe ?
Par ailleurs, les NTIC, même si elles ne se réduisent pas à cela, offrent assez fréquemment, dans leurs premiers usages, la possibilité de réactiver des modèles pédagogiques sinon dépassés du moins très discutables du point de vue des sciences de l'éducation. Comment les apprenants à distance pourront interagir lors de la visualisation de la vidéo d'un cours qui recentre la formation sur le discours de l'enseignant ? Réduire les possibles en matière de communication, c'est appauvrir la conception, l'imagination pédagogique, c'est prescrire des usages qui réactivent des modèles pédagogiques académiques où l'enseignant reprend la main alors qu'il ne l'a que rarement passée aux apprenants.
Enfin, le bon sens invite à ne pas mettre tous les oeufs dans un même panier qui serait ici la visioconférence. Les modalités asynchrones ont aussi un certain nombre d'avantages qu'il serait aventureux de laisser en route : la possibilité de ne pas réagir à chaud, de prendre le temps d'une rétroaction mûrie, de pouvoir choisir le temps de sa réponse. De même, le détour par l'écrit offre la possibilité de mieux structurer son propos, de s'approprier en reformulant, de produire des traces facilement réutilisables. L'audio sans vidéo facilite la centration sur le propos et l'écoute active.
Si donc, le développement de la visioconférence est en marche, je pense qu'il est avant tout nécessaire d'en penser les usages pédagogiques et de les articuler aux autres modalités de communication plutôt que dans faire un nouveau sésame universel pour la production de ressources numériques et l'établissement de médiations tutorales au service des apprenants.
Image dans son contexte original, sur la page blog.ndreams.org/2006/11/29/idees-de-cadeaux-...
Quelles peuvent être les conséquences de cette tendance sur les interventions des tuteurs ? Un directeur d'une des plus grosses sociétés françaises de e-learning me faisait part de sa conviction que la visioconférence deviendrait la norme en matière de tutorat et que cette technologie contribuerait fortement au développement du tutorat dans la mesure où cette modalité réintroduisait une manière simple de mesurer, au temps passé, le volume du support à l'apprentissage en direction des apprenants.
Il est probable que la simulation de la rencontre présentielle via la visioconférence soit plus acceptable par les clients du e-learning, car plus proche de leurs représentations et de leurs vécus. De manière comparable, il apparaît que, selon certains, l'avenir du e-learning résiderait dans la numérisation des ressources pédagogiques ainsi que le laisse entendre I. Henri dans son rapport à Valérie Pécresse dans lequel il préconise la massification des enregistrements de cours en amphi comme moyen de rattraper le retard des universités françaises en matière de production de ressources numériques pour la FOAD.
Ainsi, tant en matière de production des contenus de FOAD que pour l'accompagnement des apprenants, la solution d'avenir serait la visioconférence. Sans affirmer que cela ne sera pas, j'entrevois que cela puisse se traduire par une certaine régression pédagogique. En effet, la FOAD et la médiatisation des ressources ont été l'occasion, pour de nombreuses institutions et formateurs, de repenser leur pédagogie et de procéder à des ré-ingénieries qui leur imposaient d'identifier, de nommer et d'adapter leurs pratiques. Dès lors où la mise à distance se limiterait à une sorte de copier-coller des situations présentielles, ces efforts d'ingénierie pédagogique ne risquent-ils pas de passer à la trappe ?
Par ailleurs, les NTIC, même si elles ne se réduisent pas à cela, offrent assez fréquemment, dans leurs premiers usages, la possibilité de réactiver des modèles pédagogiques sinon dépassés du moins très discutables du point de vue des sciences de l'éducation. Comment les apprenants à distance pourront interagir lors de la visualisation de la vidéo d'un cours qui recentre la formation sur le discours de l'enseignant ? Réduire les possibles en matière de communication, c'est appauvrir la conception, l'imagination pédagogique, c'est prescrire des usages qui réactivent des modèles pédagogiques académiques où l'enseignant reprend la main alors qu'il ne l'a que rarement passée aux apprenants.
Enfin, le bon sens invite à ne pas mettre tous les oeufs dans un même panier qui serait ici la visioconférence. Les modalités asynchrones ont aussi un certain nombre d'avantages qu'il serait aventureux de laisser en route : la possibilité de ne pas réagir à chaud, de prendre le temps d'une rétroaction mûrie, de pouvoir choisir le temps de sa réponse. De même, le détour par l'écrit offre la possibilité de mieux structurer son propos, de s'approprier en reformulant, de produire des traces facilement réutilisables. L'audio sans vidéo facilite la centration sur le propos et l'écoute active.
Si donc, le développement de la visioconférence est en marche, je pense qu'il est avant tout nécessaire d'en penser les usages pédagogiques et de les articuler aux autres modalités de communication plutôt que dans faire un nouveau sésame universel pour la production de ressources numériques et l'établissement de médiations tutorales au service des apprenants.
Image dans son contexte original, sur la page blog.ndreams.org/2006/
6 commentaires:
Il est incontestable que la visio-conférence représente un apport certain pour le monde de la formation et du tutorat. Contact rapide, individuel, direct court et efficace : les tuteurs adorent ! Ces technologies sont cependant loin d'être nouvelles et de nombreuses entreprises y font appel depuis plusieurs années afin d'organiser leur formation à distance.
La nouveauté réside plutôt dans le fait que ces technologies ce démocratisent et que certains l'annoncent quasi-gratuite !
Face à cette gratuité propice à tester ces outils, je vous invite à sélectionner un service professionnel afin d'être accompagné dans la mise en service de ces outils ainsi que dans sa maintenance. Si vous basez votre relation tuteur/apprenant sur ces technos, vous constaterez en effet très rapidement qu'il est fondamental de ne pas risquer de rencontrer de problèmes techniques !
Autre point important, ne négligez pas l'installation technique et privilégiez les outils qui s'installent partout ! Skype est génial, mais allez donc le faire fonctionner en entreprise !
Personnellement, je les utilise depuis les années 2000 dans un but collaboratif et pédagogique. Si la distance est au départ une contrainte et une difficulté de taille, elle devient, avec l'expérience, un atout. Si vous n'avez pas encore gouté à ces technos, je vous invite vraiment à prendre le temps de réaliser quelques tests !
Pour finir, je vous conseille la lecture de ce billet qui liste d'autres solutions de visio-conférence abordables.
" les tuteurs adorent ! "
Du moins, ceux qui utilisent la visioconférence. Sans préjuger des résultats finaux du sondage en cours, il semble bien que ceux-ci constitutent une petite minorité.
Le pouvoir d'attraction qu'exerce la visioconférence est évident, mais peut être faut il se méfier du leurre...Je ne suis pas utilisateur de visioconférence, mais actuellement, je ne vois pas quels services elle peut rendre si son usage n'est pas intégré dans un scénario pédagogique et d'encadrement plus vaste. Je pense qu'elle me servirait surtout à couvrir des aspects organisationnels avec un groupe ou pour motiver les apprenants, créer un sentiment d'appartenance à une communauté et ainsi lutter contre l'abandon. En dehors de ça, elle peut être utilisée pour faciliter la collaboration des participants, éventuellement, mais quelles traces reste-t-il, sinon un compte-rendu de réunion?
Oui pour la "visiorassurance". Elle peut être une solution pour des échanges sociaux cognitifs entre un tuteur et un apprenant ou entre deux apprenants. Avec la visioconférence, j'entrevois beaucoup d'exposés (peu performant)et peu interactivité...
Les classes virtuelles permettent de visualiser un écran commun (y compris les démos du formateur et les manipulations des apprenants), de discuter et de se voir. Les classes virtuelles permettent donc de mettre en oeuvre les mêmes processus que dans une salle de classe.
Comme tout outil il doit bien entendu être intégré dans un scénario pédagogique !! Un outil utilisé sans réflexion n'amène jamais bien loin ;)
Mais la distance laisse la place à beaucoup d'appréhension, aussi je n'envisagerai pas de réunir de nombreux participants dans la même session : et oui, il ne s'agit de regarder un film mais bien d'échanger et d'avancer ensemble. Donc moins on est, mieux se sera.
La classe virtuelle est l'outil qui permet aujourd'hui la plus forte interactivité : le formateur est connecté en même temps que son/ses apprenants, les vidéo montrent les expressions de chaque visage, le partage d'écran montre les manipulations, la VoIP permet à chacun de s'exprimer ... mais que demander de plus ?
Enfin, "quelle trace reste il si ce n'est un contenu de réunion". Et bien, la trace restante est un enregistrement vidéo. Il reprend tout les échanges audio et vidéo + partage d'écran. Les meilleures classes virtuelles proposent même des outils pour pouvoir monter des film à partir des enregistrements des cours. Donc comme trace, on peut pas faire mieux !!
Je vous invite vraiment à essayer ces technos. Une fois connecté avec son micro et sa Webcam, on prend facilement conscience des opportunités qui s'offrent à nous.
Oui les classes virtuelles sont intéressantes et il faut non seulement les essayer mais les utiliser...
Intéressantes, pour peu qu'elles ne servent pas uniquement à faire du cours magistral...
J'apprécie particulièrement la convivialité de Via que j'utilise depuis deux ans avec des étudiants de master dont je constate... qu'il restent très souvent en mode audio...
Ne compter que sur ces outils pour faire du tutorat me semble non souhaitable.
En particulier, l'asynchrone et le détour par l'écrit gardent toute leur pertinence dans un processus de construction de connaissances.
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