Le confinement, c’est la réduction des rencontres physiques mais ce ne peut être l’absence d’interactions sociales. En ce début de deuxième période de confinement (notez bien que je ne parle pas de seconde…) l’activité de formation est déportée à distance. Si lors du premier confinement, les acteurs de la formation ont mis à disposition de nombreuses ressources en ligne et réalisé une multitude de webinaires, souvent expositifs, le décrochage de nombreux apprenants a mis en lumière plusieurs vérités trop souvent oubliées :
- Il est impossible de reproduire à distance ce que l’on fait en présentiel sans risque de perte affectant directement l’atteinte des objectifs. Il faut donc faire différemment.
- La formation s’incarne dans la rencontre et l’échange entre personnes.
- Aucune ressource, quelle que soit sa qualité, ne peut remplacer la réflexion argumentée et la construction du sens qu’offre les échanges entre apprenants et formateurs.
- Tous les apprenants ne sont pas égaux face aux difficultés liées à la distance.
- L’autonomie de l’apprenant ne peut être érigée en préalable mais est à considérer un objectif à poursuivre.
- La distance oblige à rééquilibrer la proportion d’activités d’apports et de soutien à l’apprentissage. Il faut donc « enseigner moins pour qu’ils apprennent plus »
Chaque apprenant confiné dispose de conditions matérielles et environnementales différentes. Pour ceux qui sont le plus dans l’inconfort, le risque de décrochage est accru. Il s’agit donc, à partir des éléments recueillis, de convenir avec chaque apprenant des aménagements de la formation lui permettant de poursuivre son apprentissage.
Si les outils de communication sont nombreux, les préférences des formateurs pour tel ou tel ne doivent pas être imposées aux apprenants. Bien au contraire, il s’agit de rejoindre les apprenants dans leurs habitudes communicationnelles et de privilégier le ou les outils qui font consensus tant en termes de fonctionnalités que d’accessibilité par tous.
La relation tutorale pour exister doit bien évidemment être une proposition faite aux apprenants sans ambiguïtés mais elle gagne à être contractualisée à travers une charte tutorale précisant les droits et les devoirs des formateurs et des apprenants entre eux.
La littérature sur le tutorat à distance est abondante et les besoins de soutien des apprenants à distance sont largement décrits. Il est nécessaire de les contextualiser et de les prioriser au regard du public et du format de la formation puis de prévoir la manière dont il sera possible d’y répondre. Il s’agit donc de produire un scénario tutoral.
Chaque apprenant apprend différemment et à un rythme qui lui est propre. Si le parcours de formation est forcément balisé et rythmé par les communications synchrones, il est souhaitable de laisser aux apprenants des possibilités de choix dans la planification de leurs activités. Et comme tous les apprenants ne sont pas égaux en matière d’habileté à planifier, il est utile de les aider dans cette tâche.
« Faire circuler des signes de présence » constitue un levier puissant pour rompre l’isolement des apprenants et prévenir le décrochage. Aussi, tant pour donner des informations sur le déroulement de la formation, que pour manifester ses encouragements, soutenir la motivation, amener les apprenants à adopter une posture réflexive sur leurs stratégies d’apprentissage, le formateur doit communiquer de manière régulière et proactive.
La réduction du temps entre la sollicitation d’un apprenant et la réponse du formateur se révèle souvent bénéfique. Aussi, sans exiger du formateur une disponibilité permanente, sa disponibilité doit être définie dans la charte tutorale et faire l’objet de rappels réguliers par le formateur.
Les temps d’échanges et de mutualisation sont essentiels à la construction des connaissances. Si certains ont lieu directement entre apprenants dans des espaces où le formateur n’est pas présent, cela ne devrait pas l’exonérer d’en organiser de plus formels à certains moments remarquables de la formation tels que les retours sur des productions individuelles ou collaboratives.
Une des activités les plus formatrices sont les commentaires du formateur sur les productions des apprenants. Que ceux-ci soient réalisés à l’occasion d’une classe virtuelle ou de manière plus personnalisée par écrit, ils gagnent à ne pas être uniquement négatifs ou positifs mais formulés dans un style constructif permettant la poursuite de l’apprentissage.
Parce que la distance, a fortiori le confinement, n’est pas une condition naturelle, l’aménagement d’espace de prise de recul réflexive sur la manière de la vivre, de la réguler, de l’aménager se révèle un moyen efficace de lutter contre le décrochage.
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