Les initiateurs de MOOC communiquent fréquemment sur le nombre d’inscrits, bien que souvent ils ne calculent leur taux de complétion que sur les personnes ayant démarré le parcours. Il est vrai que la proportion de non démarreurs est importante et se situe généralement entre un quart et la moitié des inscrits. Ceci constitue la contre partie de la facilité d’inscription à un mooc : gratuité, procédure à un clic, teaser engageant…
Afin d'y voir un peu plus clair sur la diversité des participants à un MOOC, je propose la typologie suivante :
Le non démarreur est une personne qui s’inscrit au MOOC de manière impulsive ou sous la pression d’un tiers mais pour qui l’enjeu de réalisation est faible ou inexistant. Il ne s’estime pas dans l’obligation de réaliser le MOOC et plus la période entre son inscription et le démarrage du MOOC est étendue, plus la probabilité qu’il ne démarre pas s’accroît. Pourtant, cette période d’avant MOOC est nécessaire et importante. Elle peut notamment être employée pour donner de la visibilité sur le parcours, des conseils méthodologiques permettant de réussir les activités, présenter le dispositif d’accompagnement dont les participants pourront bénéficier. Réduire la proportion des non démarreurs implique de prévoir une procédure d’inscription qui s’en décourager de le faire implique davantage l’individu et lui permet de mûrir son projet de formation.
Le velléitaire est une personne qui s’inscrit au MOOC avec l’intention de le compléter mais qui confronté à des résultats moyens ou décevants, à des aléas extérieurs au MOOC, et sans soutien de l’équipe pédagogique abandonne facilement. Il est important d’identifier rapidement les velléitaires afin d’être en mesure de leur apporter le soutien nécessaire qui les fera persévérer et atteindre les objectifs du MOOC. Cette identification peut naturellement s’appuyer sur les remontées de participation et de scores aux activités. Toutefois, ces premières indications arrivent souvent un peu tard, fin de première semaine ou en cours de deuxième semaine et nécessitent donc une réactivité forte de l’équipe d’animation. Il est possible, dès l’inscription, de repérer les velléitaires en leur demandant de répondre à quelques questions simples relatives au temps qu’ils prévoient de consacrer au MOOC, d’estimer leur niveau de motivation, de faire le point sur leurs stratégies d'apprentissage...
Le picoreur est une personne qui s’inscrit au MOOC afin de trouver des réponses à des sujets précis. Il a des objectifs personnels qui ne sont pas en pleine concordance avec l’ensemble des objectifs pédagogiques du MOOC. Dès lors qu’il a atteint ses objectifs, il a de fortes chances de ne pas poursuivre le parcours ou de le commencer uniquement lorsque les contenus sont relatifs à ses intérêts. En cas d’abandon, il vient diminuer le taux de complétion. Ce taux ne semble donc pas adapté à mesurer la diversité des situations des participants et il est possible de lui substituer un autre calcul qui est le taux de réussite. Pour pouvoir mesurer ce dernier, il est nécessaire d’identifier les objectifs poursuivis par la personne au moment de son inscription et de procéder à une enquête en fin de MOOC permettant de mesurer l’atteinte des objectifs énoncés. Il est donc utile de distinguer la réussite académique qui correspond à l’atteinte des objectifs du MOOC tels qu’ils ont été définis par les concepteurs et la réussite personnelle qui souligne l’atteinte des objectifs particuliers que le participant a indiqués lors de son inscription. Sur ce sujet cf. « Compléter ou réussir un MOOC ? »
Le déterminé est une personne qui s’inscrit au MOOC avec l’intention d’obtenir la certification qui représente un enjeu personnel et/ou professionnel. Il est fréquemment un apprenant exerçant son autonomie et se recrute davantage parmi les personnes ayant déjà réaliser d’autres MOOC. Il se caractérise par un engagement réel dans le groupe, réalise toutes ou la très grande majorité des activités prévues, réalise des productions qui vont souvent au-delà des consignes, est actif dans les forums et autres espaces de communication avec ses pairs et l’équipe pédagogique. Il représente un peu l’apprenant idéal, tel que les concepteurs s’imaginent avec confiance ou souhaitent que sera l’ensemble des participants.
Bien évidemment, cette typologie est réductrice de la réalité d’un individu qui est souvent bien plus complexe. Le positionnement d’un participant dans une de ces catégories n’est pas immuable mais dépend fortement de l’équipe pédagogique et des services d’accompagnement mis en place. Réduire le nombre de non démarreurs, permettre aux velléitaires de trouver la motivation et les moyens de persévérer, prendre en compte les attentes des picoreurs et rendre le plus possible de participants déterminés sont les enjeux du tutorat dans les MOOC.
Le tableau ci-dessous résume les principales causes d’abandons selon les catégories de participants.
- + + indique une cause forte d'abandon et nécessite la mise en place d'interventions tutorales pour la réduire
- + indique une cause plutôt forte d'abandon et il est souhaitable de mettre en place des interventions tutorales pour la réduire
- - indique une cause plutôt faible d'abandon et il est opportun de mettre en place des interventions tutorales pour la réduire
- - - indique une cause faible d'abandon ne nécessitant pas, sauf cas particulier, la mise en place d'interventions tutorales
La première mission des tuteurs étant d’éviter l’abandon, les concepteurs doivent imaginer les scénarios tutoraux adaptés. Ces derniers ne peuvent donc être rigoureusement identiques pour chacune des catégories et nécessite une réelle ingénierie tutorale s’appuyant sur le scénario pédagogique du MOOC.
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