Les tâches des tuteurs à distance les amènent fréquemment à
avoir des interventions similaires en direction des apprenants d’un même
dispositif mais également parfois au sein de plusieurs dispositifs. Par
ailleurs, le tuteur à distance doit pouvoir resituer aisément un apprenant
auprès duquel il réalise une intervention : quels échanges ont-ils déjà eu
ensemble, où l’apprenant en est-il de son parcours, comment s’était conclue l’intervention
précédente, etc. Enfin, le tuteur à distance peut plus aisément gagner en
compétences dès lors qu’il porte un regard réflexif sur sa pratique et qu’il
peut échanger sur elle avec d’autres tuteurs.
Il n’est pas rare, lors d’échanges que j’ai avec des tuteurs
à distance, que je constate qu’ils ne disposent que de très peu d’instruments
relatifs aux cas cités. Ceci souligne un manque de prise de conscience certain
des institutions qui les emploient sur la manière dont elles pourraient non
seulement leur fournir de l’aide mais également les rendre plus efficients dans
l’exécution de leurs interventions tutorales. Dès lors, les tuteurs sont dans
l’obligation de « bricoler » leurs solutions. Si le bricolage possède
de nombreuses vertus - et la première n’est-elle pas de mettre en situation les
tuteurs de trouver par eux-mêmes des solutions opérationnelles ? - il
semble que des alternatives plus rationnelles, alors même que certains ont
évoqué l’industrialisation du tutorat, devraient être mises au point.
Capitalisation des
interventions tutorales
La forme la plus courante de capitalisation des
interventions tutorales est la conception d’une FAQ. Souvent disponible à
travers un forum, un wiki ou une simple page html, la FAQ regroupe de manière
thématique les principaux cas et questions ainsi que les réponses apportées. Il
est à noter que les FAQ sont souvent réalisées à destination des apprenants
mais beaucoup plus rarement à l’intention des tuteurs. Il serait pour autant
intéressant de retrouver au sein d’une FAQ les cas les plus récurrents auxquels
un tuteur à distance est confronté. Toutefois, une FAQ peut rapidement être rendue
peu utilisable dès lors que la quantité de cas à y consigner s’élève. Une base
de données dans laquelle des recherches puissent être réalisées à partir de
différents descripteurs d’une intervention tutorale se révèlerait certainement
plus adaptée. Notons qu’un travail doctoral, auquel t@d s’était associé lors de
la phase de test (cf. TE-CAP) était prometteur mais ne semble pas avoir abouti
à la proposition d’un outil standard à disposition des institutions ou des
tuteurs. En l’état, il serait donc utile de revenir sur la définition des
fonctionnalités d’un tel outil et d’envisager comment il puisse être mis à
disposition (freeware, service en ligne…).
Garder la mémoire de
la relation tutorale
Si l’individualisation est une promesse souvent tenue par la
formation à distance, une des composantes de l’apport d’un soutien approprié
aux caractéristiques personnelles d’un apprenant réside dans la mémoire que le
tuteur peut conserver de la relation qu’il entretient avec lui. Si ceci ne pose
pas de problèmes majeurs lorsqu’un tuteur encadre quelques apprenants, il est
évident que ceci devient rapidement impossible dès que l’effectif d’apprenants
se compte en dizaines ou en centaines.
Les outils qui seraient utiles aux tuteurs reprendraient
certainement bien des fonctionnalités des CRM, logiciels de la relation client.
D’autres, plus spécifiques aux interventions tutorales pourraient y être adjointes.
Là encore, un travail de définition, de rédaction de cahier des charges serait
certainement de nature à inciter les développeurs de logiciels libres ou les
éditeurs à s’engager dans le développement de telles applications.
Faciliter la
mutualisation entre tuteurs
Sur ce point, je ne pense pas qu’il y ait de solutions
techniques à mettre au point tant les outils de communication et de
collaboration à distance sont variés et pour la plus grande part facilement
accessibles aux tuteurs à distance. Il y a par contre, à inciter les tuteurs
mais aussi leurs institutions à s’y engager plus résolument. A côté de t@d, qui
se veut davantage un réseau réunissant des personnes dont les pratiques
tutorales sont variées et réalisées dans des contextes multiples, il est
certainement utile que les tuteurs d’une même institution puissent mutualiser
et ainsi perfectionner leurs pratiques. Ces communautés existent dans de
nombreuses organisations mais leur visibilité est assez faible car il n’en
ressort que très rarement des témoignages ou des articles. Aussi, je rappelle
avec plaisir, que les colonnes de ce blog sont largement ouvertes à qui
souhaite s’exprimer sur une telle démarche.
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