Le Master MFEG créé à l'initiative de Patrice Mouton a pour spécificité d’aborder la e-formation sous toutes ses facettes : la pédagogie (ingénierie, ergonomie, tutorat, travaux collaboratifs et web 2.0), la technologie (outils, informatique), mais aussi l’environnement (retour sur investissement d’un dispositif, commercialisation d’un dispositif). Il se conclue par la réalisation d’un projet intégrant tous ces aspects. Le master est proposé en blended learning par modules de 20 heures (6 heures de présentiel, 6 heures de classe virtuelle et 8 heures de travaux tutorés). A l'occasion de la prochaine rentrée, Patrice Mouton évoque pour nous les pratiques d'encadrement et de tutorat qui ont cours au sein du MFEG.
Jacques Rodet : Bonjour Patrice. Tu vas bientôt accueillir les étudiants qui constituent la 4e promotion du Master MFEG dont tu es le responsable. Cette première rencontre, en présentiel, correspond à la première activité d'encadrement sont bénéficient les étudiants. Peux-tu décrire les objectifs visés par cette rencontre et la manière dont cela se passe concrètement ?
Patrice Mouton : Bonjour Jacques. C’est déjà la 5ème promotion du parcours 1 (et la 6ème du parcours concours) … Comme le temps passe !!
Nous commençons par le regroupement le plus long de la formation : une journée d’intégration, suivi des deux premiers jours de formation.
L’objectif de la première journée est que les apprenants en ressortent avec une représentation claire du déroulement du master : l’organisation en UE (unité d’enseignement), le planning des rendez vous synchrones et des travaux à rendre, les règles du jeu, les droits et devoirs des apprenants, le rôle des principaux acteurs et le fonctionnement du système tutoral.
C’est essentiel pour éviter les difficultés ultérieures inhérentes à un dispositif en blended learning par méconnaissance de ses rouages essentiels et qu’il est parfois difficile de s’approprier à distance. C’est aussi pourquoi nous leur remettons un livret d’accueil qui reprend les éléments essentiels de cette présentation du master.
Il est également important que tous les acteurs du dispositif– apprenants et tuteurs – commencent à se connaître. Le tutorat par la suite en sera ensuite grandement facilité. Quand on connait déjà la personne, on hésite moins à demander et on sait mieux comment formuler ses demandes. C’est pourquoi le planning de ces journées est aménagé de façon à permettre des temps de rencontre entre les interventions ou les conférences : accueil autour d’un café, battement important entre les interventions, travail de groupe pour s’approprier la plate forme Moodle et le système de classe virtuelle. Enfin, nous prévoyons en outre la visite du parlement de Bretagne et un dîner dans une crêperie.
Au cours des deux journées suivantes, les apprenants vont rentrer dans le vif du sujet avec les cours d’ingénierie et le web 2.0. Le placement de ce dernier module dès le premier regroupement n’est pas anodin. Il va permettre de projeter d’emblée les apprenants dans des situations collaboratives intenses et renforcer ainsi la dimension intégrative du rendez vous initial.
J.R. : Parmi les nouveautés de cette année, un livret d'accueil sera remis à chaque étudiant. Pourquoi avoir choisi la production d'un tel document plutôt que la diffusion plus ponctuelle et contextuelle des informations (juste ce qu'il faut au moment où l'apprenant en a besoin) ?
P.M. : Dans un dispositif de formation à distance, l’apprenant doit faire face à une multitude d’activités disparates (Conférence, Étude, Exercice, Contrôle, Recherche, atelier, Projet, Régulation. …). Pour faire contrepoids à cette diversité, il est indispensable de lui donner dès le début de la formation une vision globale du dispositif ; il apparaîtra ainsi plus concret et il pourra le manipuler ou coopérer autour.
On retrouvera dans ce livret d’accueil :
- L’organisation détaillée du master en unité d’enseignement (UE) et modules
- Le rôle des différents interlocuteurs et les moyens de les contacter ;
- Le fonctionnement de base des principaux outils de leur formation : la plate forme Moodle et le système de classe virtuelle ;
- Le planning détaillé des classes virtuelles, des regroupements et des travaux à rendre ;
- Le cahier des charges du projet de scénarisation d’un module et de réalisation de documents pédagogiques qui constitue l’aboutissement de leur formation ;
- La charte tutorale
J.R. : Au sein du livret d'accueil, une charte tutorale est donc incluse. Six profils de tuteurs y sont distingués. Peux-tu expliquer rapidement leurs fonctions respectives ?
P.M. : Le tuteur-programme est le responsable de la formation. Il assure le bon fonctionnement du dispositif de formation en exerçant le rôle de médiateur entre les tuteurs, les apprenants, les services administratifs et techniques.
Le tuteur-administratif informe et accompagne administrativement les apprenants : obtention du sésame, des certificats d'assiduité, traitement dossier financier ....
Le tuteur-technique est un facilitateur. Il apporte une aide technique aux apprenants et conçoit l’accompagnement technique par la rédaction de documents d’utilisation d’outils (plate-forme, outils de communication, de collaboration).
Le tuteur-cours est également le concepteur du cours ; il gère intégralement son module d'enseignement. Au plan pédagogique, il est un facilitateur, un accompagnateur, un médiateur, un régulateur, un évaluateur et un stimulateur.
Le tuteur-projet qui est soit l’un des tuteurs‑cours, soit un ancien lauréat du master, accompagne l’apprenant au cours de son stage. Il l’aide et le conseille dans la réalisation de son projet (conception d’un module de e-learning).
Chaque étudiant du master (ou ancien étudiant) peut devenir à son tour et en fonction de ses compétences un tuteur-pair pour les autres apprenants. Pour cela, il est important de lister les compétences de chacun afin qu’ils deviennent vraiment des personnes ressources.
J.R. : Un étudiant du MFEG a donc six types de tuteurs et pour chaque module, un tuteur-cours différent ? A ton avis, ne risque-t-il pas de se perdre entre tous ces tuteurs ?
P.M. : C’est pour cela qu’il faut que le rôle de chacun soit parfaitement défini et connu de tous dès le début de la formation, c'est-à-dire que l’apprenant ait une vision claire et globale du dispositif dans un document concret et manipulable : le livret d’accueil.
En cas de difficultés dans la compréhension du guide ou du rôle de chacun, il pourra s’adresser aux tuteurs concernés ou au tuteur programme qui a une vision d’ensemble de tout le dispositif.
J.R. : En tant que tuteur-programme mais également comme responsable de ce master, tu assures des tâches de coordination de l'ensemble des tuteurs. Peux-tu nous dire en quoi consistent ces tâches et les compétences que tu dois mobiliser pour les accomplir ?
P.M. : C’est la même problématique que rencontre tout animateur de groupe avec une difficulté particulière : la diversité des acteurs. Il n’est pas simple de faire coopérer des administratifs du secteur public, des professionnels du e-learning, des enseignants chercheurs ou des techniciens informatiques. Chacun vit dans son monde, avec ses logiques, ses contraintes qui n’ont rien à voir avec celles des autres.
C’est donc avant tout des compétences relationnelles qu’il me faut mobiliser comme la capacité à écouter, c'est à dire à entrer dans le monde de l'autre sans être forcément d’accord, la capacité à faire partager une vision, la capacité à stimuler l'enthousiasme et la créativité, à fédérer les énergies et enfin la capacité à rendre cohérentes les différentes initiatives.
J.R. : Merci Patrice pour tes réponses.
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