mercredi 18 juin 2008

Le journal de l'enseignant ou du tuteur à distance


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Je reproduis ci-dessous un de mes articles initialement paru sur le blog du Greco en juin 2006. Il s'intéresse à la tenue d'un journal sur blog comme activité métacognitive de l'enseignant ou du tuteur à distance.



Il est reconnu aujourd’hui qu’un apprenant à distance doit être en mesure de progresser en autonomie pour mener à bien son parcours d’apprentissage. Selon certains auteurs (Deschênes, Rodet), l’exercice de cette autonomie est intimement liée à la mise en place de stratégies d’apprentissage, en particulier sur le plan métacognitif.

Flavell (1979, p. 906-911) définit la métacognition comme « une prise de conscience de l’expérience cognitive » et « une prise de conscience des connaissances acquises ». Il précise que « cette prise de conscience tend à permettre tant la sélection, que la révision ou l’abandon de certaines tâches cognitives, buts ou stratégies lorsque mis en relation entre eux et en relation avec les habiletés de l’apprenant et ses intérêts pour l’entreprise en cours.»

Dès lors, les enseignants ne tireraient-ils pas profit pour eux-mêmes de la mise en place d’activités métacognitives qui leur permettraient de s’interroger sur leurs pratiques d’enseignement ? En formation à distance, les tuteurs qui sont rarement formés à leurs intervention d’encadrement et de support à l’apprentissage envers les étudiants ne devraient-ils pas également mettre en place de telles activités?

Mais quelles sont ces activités ? A partir de quels outils celles-ci peuvent-elles être réalisées ? Cet article s’interressera particulièrement à l’une d’entre elle, le journal d’enseignement.

Le journal d’enseignement a pour objectif de donner à voir à l’enseignant ou au tuteur, la manière dont il intervient en direction des étudiants. Il est constitué de différents éléments tels que le déroulé du cours, la description des activités mises en place avec les apprenants, les comptes-rendus du déroulement de celles-ci, la formulation de constats de réussites ou d’échecs, l’identification de pistes d’amélioration pour le futur.

Sa première fonction est certainement de conserver des traces de ses pratiques. Elle permet à l’enseignant ou au tuteur de se constituer progressivement un répertoire d’actions et d’interventions qu’il peut réutiliser par la suite. La seconde fonction du journal d’enseignement est caractérisée par sa nature d’autoévaluation des pratiques. Le regard distancié et critique de l’enseignant ou du tuteur sur ses actes s’inscrit alors dans une recherche de perfectionnement professionnel.

Un tel journal d’enseignement est forcément de caractère privé. Il s’agit pour l’enseignant ou le tuteur de s’exprimer sans contrainte et sans réserve sur les situations vécues, les difficultés rencontrées, les explications possibles, la formulation d’hypothèses. Bref, il s’agit d’un écrit autoréflexif qui n’a pas vocation à être partagé en l’état.

Différents outils peuvent être utilisés pour rédiger un journal d’enseignement mais il en est un qui me paraît bien adapté eu égard à son origine même, le journal intime : le blog.

Le blog permet facilement de noter des informations, des ressentis, des idées dans un ordre antéchronologique, de produire des traces. Le blog offre également la possibilité d’ajouter des commentaires qui dans le cas du journal d’enseignement peuvent être de manière privilégiée de nature métacognitive. Ces données sont classables dans différentes rubriques déterminées par l’auteur. Enfin, dans la plupart des solutions de blog, il existe un moteur de recherche qui permet d’accèder facilement à l’information désirée. L’intérêt du blog pour le journal d’enseignement ne réside pas dans son caractère public (que plusieurs solutions permettent de désactiver) mais bien dans son accessibilité, sa capacité à conserver la temporalité des propos, ses fonctions de classement et de recherche.

La formation continue des enseignants et des tuteurs reste encore un parent pauvre de notre système éducatif. Dans une large mesure, celle-ci reste de la responsabilité de l’individu. La pratique métacognitive est sans nul doute un outil puissant pour gagner en professionnalité. Le journal d’enseignement est facile à mettre en place, est peu coûteux sinon le temps qu’il nécessite. Il est à la fois un outil de capitalisation et de prospection des pratiques pour celui qui l’entreprend.

Références

DESCHÊNES, André-Jacques (1991). Autonomie et enseignement à distance. Dans La Revue canadienne pour l’Ètude de l’Èducation des adultes, mai, vol. V, n81, p.32-54.

FLAVELL, F. H. (1979). Métacognition and cognitive monitoring. American Psychologist, vol.34, n810, 906-911. Traduction de Nicole C. Refae.

RODET, Jacques (2003) Autonomie et métacognition des apprenants à distance. Dans Chroniques et entretiens. http://jacques.rodet.free.fr/chronent.pdf


Nuage du texte de l'article réalisé avec Wordle

1 commentaire:

Vanderspelden Jean a dit…

Bonjour Jacques,

Si écrire, c'est penser deux fois, alors bloger, c'est penser, au moins, trois fois !

Comme tu l'as noté, ton billet résonne avec le mien (http://blogdetad.blogspot.com/2010/06/lapprenant-sans-formateur-episode-24.html) dans la mesure où dans les nouveaux espaces numériques de communication et d'apprentissage, les apprenants et les formateurs sont tous co-acteurs.

Sur cette scène numérique ouverte, les communications sont digitalisées et transformées en mots, phrases et textes. La maîtrise de cette nouvelle forme d'écriture, à la fois individuelle et collective, est, me semble-t-il, un enjeu majeur de l'éducation et l'apprentissage tout au long et tout au large de la vie...

Jean