La chronique qui m’échoit s’oriente en cette rentrée 2010 vers des comptes-rendus de lectures. Je m’intéresserai à des textes ouvrant des passerelles pour la construction de l’identité professionnelle des tuteurs en formation à distance et le développement de leurs compétences.
Il en est ainsi des travaux sur l’Analyse des Pratiques professionnelles. Historiquement dans le champ de la Clinique, le docteur Michaël Balint, spécialiste des maladies psychosomatiques, dès les années 50 a proposé un paradigme de développement des compétences des personnes impliquées dans les relations d’aide et de soins. Ce paradigme reste particulièrement fécond dans le champ des sciences de l’éducation.
D’autres travaux encore sur l’analyse des situations professionnelles ont pour origine les disciplines de l’ergonomie de tradition francophone, par exemple ceux de Jacques Leplat et de la psychologie génétique et du développement (Piaget, Vygotski, Bruner, Vergnaud).
Si l’on considère l’actualité juridique en France, l’analyse de pratiques professionnelles est une dimension importante des directives ministérielle pour la formation des enseignants.
Parmi les 10 compétences pour la formation des maîtres selon l’arrêté du 19 décembre 2006, le référentiel de compétences sur la rubrique « Se former et innover » en appelle explicitement à la posture réflexive.
« L’enseignant doit être capable de faire une analyse critique de son travail et de modifier le cas échéant ses pratiques d’enseignement ».
Ce référentiel sert de base à la construction de nouveaux masters d’enseignement et la circulaire du 17 octobre 2008 rappelle l’importance des ateliers d’analyse de pratiques comme outils de formation au sein des universités.
Dans cette perspective, les responsables de l’ingénierie de formation des tuteurs dans les dispositifs en FOAD s’interrogent également : « A quels dispositifs de formation, l’analyse des situations de travail peut donner lieu ? ».
A quels dispositifs de formation, l’analyse des situations de travail peut donner lieu ?
Nous avons choisi quelques temps après le colloque sur l’Expérience à l’initiative de l’association Recherches et Pratiques en Didactique Professionnelle http://www.didactiqueprofessionnelle.org/ à Dijon avec la revue Travail et Apprentissage http://www.raisonetpassions.fr/revue_travail_et_apprentissages_023.htm de proposer une démarche peu familière du public des TICE, celle de la Didactique Professionnelle dont rend compte le dernier ouvrage d’Isabelle Vinatier : « Pour une didactique professionnelle de l’enseignement ».
Ce livre est à mon sens une excellente synthèse à l’intention de tous les ingénieurs de formations pour mettre en place des stratégies de formation par l’analyse du travail en vu du développement des compétences des intervenants pédagogiques ( formateurs, tuteurs en FOAD, animateurs de communautés...).
Isabelle Vinatier est maître de conférences en Sciences de l'Education à l’Université de Nantes, HDR (habilitée à diriger des recherches). Elle est membre du laboratoire de recherches en éducation (CREN) EA 2661.
Ses responsabilités pédagogiques concernent depuis 2006 le Master professionnel regroupant les options FFAST (Formation de Formateurs par l’Analyse des Situations de Travail), DEOFI (Direction et encadrement dans les organisations de formation et d'insertion), SIFA (Spécialité Stratégie et ingénierie en formation d'adultes) et DECARP.
Apprendre des situations
Le champ théorique et les méthodes de la Didactique Professionnelle (je l’écrirai en minuscule par la suite) http://fr.wikipedia.org/wiki/Didactique_professionnelle sont mobilisés pour questionner l’analyse des pratiques professionnelles pour la formation des compétences. Il s’agit ici de décrire comment en apprenant à analyser les situations de travail, il est possible pour un acteur de construire de nouvelles compétences en apprenant à partir des situations. Ou encore : « apprendre des situations. »
Ou comme l’écrit la professeure Marguerite Altet : « Comment aider des professionnels de l’enseignement à apprendre de leurs situations professionnelles pour développer leur pouvoir d’agir ? »
Le champ des recherches en didactique professionnelle ouvert par Pierre Pastré depuis une vingtaine d’années a longtemps concerné les activités professionnelles industrielles décrivant les interactions d’opérateurs humains avec des machines ou des interfaces numériques pour le pilotage de centrales de conduite de processus.
Isabelle Vinatier intègre dans ses travaux les concepts de la didactique professionnelle cependant son cadre d’analyse s’applique à comprendre des situations complexes et dynamiques (Rogalski 2003), mettant en jeu des acteurs et sujets humains en interaction. De type :
Il en est ainsi des travaux sur l’Analyse des Pratiques professionnelles. Historiquement dans le champ de la Clinique, le docteur Michaël Balint, spécialiste des maladies psychosomatiques, dès les années 50 a proposé un paradigme de développement des compétences des personnes impliquées dans les relations d’aide et de soins. Ce paradigme reste particulièrement fécond dans le champ des sciences de l’éducation.
D’autres travaux encore sur l’analyse des situations professionnelles ont pour origine les disciplines de l’ergonomie de tradition francophone, par exemple ceux de Jacques Leplat et de la psychologie génétique et du développement (Piaget, Vygotski, Bruner, Vergnaud).
Si l’on considère l’actualité juridique en France, l’analyse de pratiques professionnelles est une dimension importante des directives ministérielle pour la formation des enseignants.
Parmi les 10 compétences pour la formation des maîtres selon l’arrêté du 19 décembre 2006, le référentiel de compétences sur la rubrique « Se former et innover » en appelle explicitement à la posture réflexive.
« L’enseignant doit être capable de faire une analyse critique de son travail et de modifier le cas échéant ses pratiques d’enseignement ».
Ce référentiel sert de base à la construction de nouveaux masters d’enseignement et la circulaire du 17 octobre 2008 rappelle l’importance des ateliers d’analyse de pratiques comme outils de formation au sein des universités.
Dans cette perspective, les responsables de l’ingénierie de formation des tuteurs dans les dispositifs en FOAD s’interrogent également : « A quels dispositifs de formation, l’analyse des situations de travail peut donner lieu ? ».
A quels dispositifs de formation, l’analyse des situations de travail peut donner lieu ?
Nous avons choisi quelques temps après le colloque sur l’Expérience à l’initiative de l’association Recherches et Pratiques en Didactique Professionnelle http://www.didactiqueprofessionnelle.org/ à Dijon avec la revue Travail et Apprentissage http://www.raisonetpassions.fr/revue_travail_et_apprentissages_023.htm de proposer une démarche peu familière du public des TICE, celle de la Didactique Professionnelle dont rend compte le dernier ouvrage d’Isabelle Vinatier : « Pour une didactique professionnelle de l’enseignement ».
Ce livre est à mon sens une excellente synthèse à l’intention de tous les ingénieurs de formations pour mettre en place des stratégies de formation par l’analyse du travail en vu du développement des compétences des intervenants pédagogiques ( formateurs, tuteurs en FOAD, animateurs de communautés...).
Isabelle Vinatier est maître de conférences en Sciences de l'Education à l’Université de Nantes, HDR (habilitée à diriger des recherches). Elle est membre du laboratoire de recherches en éducation (CREN) EA 2661.
Ses responsabilités pédagogiques concernent depuis 2006 le Master professionnel regroupant les options FFAST (Formation de Formateurs par l’Analyse des Situations de Travail), DEOFI (Direction et encadrement dans les organisations de formation et d'insertion), SIFA (Spécialité Stratégie et ingénierie en formation d'adultes) et DECARP.
Apprendre des situations
Le champ théorique et les méthodes de la Didactique Professionnelle (je l’écrirai en minuscule par la suite) http://fr.wikipedia.org/wiki/Didactique_professionnelle sont mobilisés pour questionner l’analyse des pratiques professionnelles pour la formation des compétences. Il s’agit ici de décrire comment en apprenant à analyser les situations de travail, il est possible pour un acteur de construire de nouvelles compétences en apprenant à partir des situations. Ou encore : « apprendre des situations. »
Ou comme l’écrit la professeure Marguerite Altet : « Comment aider des professionnels de l’enseignement à apprendre de leurs situations professionnelles pour développer leur pouvoir d’agir ? »
Le champ des recherches en didactique professionnelle ouvert par Pierre Pastré depuis une vingtaine d’années a longtemps concerné les activités professionnelles industrielles décrivant les interactions d’opérateurs humains avec des machines ou des interfaces numériques pour le pilotage de centrales de conduite de processus.
Isabelle Vinatier intègre dans ses travaux les concepts de la didactique professionnelle cependant son cadre d’analyse s’applique à comprendre des situations complexes et dynamiques (Rogalski 2003), mettant en jeu des acteurs et sujets humains en interaction. De type :
- Enseignants / élèves
- Formateurs / stagiaires
- Chercheur /formateur
Dont la spécificité de l’activité est qu’il s’agit d’une activité sur et avec autrui et qui suppose une « co-activité » enseignants-élèves.
La méthode de recueil de données choisie consiste à concevoir et animer un dispositif d’entretiens de co-explication et réaliser une analyse croisée entre le professionnel enseignant, un groupe de pairs et le chercheur.
Apprendre à comprendre par des dispositifs de co-explication
I. Vinatier décrit ainsi le contrat d’analyse de pratiques : « Cette perspective partagée et référée aux traces de l’activité en situation implique un contrat de communication entre les interlocuteurs. [..] Le contrat : ‘comprendre l’activité professionnelle’. »
Le principe de symétrie
La recherche se fonde sur un principe méthodologique et éthique. Le principe de symétrie : « La théorie du chercheur est mise en discussion avec les théories construites par les professionnels dans le cadre de leur expérience. Ce processus crée une distance, un espace d’interprétation à partager par chaque interlocuteur. C’est un travail de coordination des cadres théoriques de la recherche des savoirs pragmatiques, expérientiels. »
Le dispositif prévoit des regroupements collectifs suivant une démarche :
Une dynamique dans le développement des compétences
La démarche de la didactique professionnelle déployée par I. Vinatier se fonde sur une théorie de l’activité d’une importance considérable pour comprendre les relations qui unissent Travail et Formation professionnelle : « Il y a dans toute activité humaine deux faces : une activité productive et une activité constructive. La première relève de la transformation du réel, la deuxième relève [..] en revanche de la transformation de l’homme par lui-même » Samurçay et Rabardel (2004) :
P. 155 « Une de nos hypothèses fondamentales est de penser que si on travaille à la compréhension de l’activité déployée par un professionnel dans le cadre de son expérience par la mise en mots de son activité constructive adossée à la compréhension de son activité productive, alors, on donne des outils à un professionnels pour qu’il s’approprie la part d’implicite de son activité professionnelle et développe son pouvoir d’action.
Cette hypothèse se fonde sur l’idée [..] de la pluridétermination des compétences et de leurs trois dynamiques principales. :
La méthode de recueil de données choisie consiste à concevoir et animer un dispositif d’entretiens de co-explication et réaliser une analyse croisée entre le professionnel enseignant, un groupe de pairs et le chercheur.
Apprendre à comprendre par des dispositifs de co-explication
I. Vinatier décrit ainsi le contrat d’analyse de pratiques : « Cette perspective partagée et référée aux traces de l’activité en situation implique un contrat de communication entre les interlocuteurs. [..] Le contrat : ‘comprendre l’activité professionnelle’. »
Le principe de symétrie
La recherche se fonde sur un principe méthodologique et éthique. Le principe de symétrie : « La théorie du chercheur est mise en discussion avec les théories construites par les professionnels dans le cadre de leur expérience. Ce processus crée une distance, un espace d’interprétation à partager par chaque interlocuteur. C’est un travail de coordination des cadres théoriques de la recherche des savoirs pragmatiques, expérientiels. »
Le dispositif prévoit des regroupements collectifs suivant une démarche :
- l’acteur décrit la situation, le contexte et propose une analyse au regard de son vécu.
- Les autres professionnels du groupe de travail sont amenés à partager ce qu’évoque pour eux cette situation (généralement le pouvoir d’évocation des situations est fort pour les personnes présentes).
- Le chercheur propose l’analyse du corpus avec les outils thématiques qui sont les siens.
- « l’acteur a le dernier mot »
Une dynamique dans le développement des compétences
La démarche de la didactique professionnelle déployée par I. Vinatier se fonde sur une théorie de l’activité d’une importance considérable pour comprendre les relations qui unissent Travail et Formation professionnelle : « Il y a dans toute activité humaine deux faces : une activité productive et une activité constructive. La première relève de la transformation du réel, la deuxième relève [..] en revanche de la transformation de l’homme par lui-même » Samurçay et Rabardel (2004) :
P. 155 « Une de nos hypothèses fondamentales est de penser que si on travaille à la compréhension de l’activité déployée par un professionnel dans le cadre de son expérience par la mise en mots de son activité constructive adossée à la compréhension de son activité productive, alors, on donne des outils à un professionnels pour qu’il s’approprie la part d’implicite de son activité professionnelle et développe son pouvoir d’action.
Cette hypothèse se fonde sur l’idée [..] de la pluridétermination des compétences et de leurs trois dynamiques principales. :
- La dynamique de l’activité productive,
- La dynamique de l’activité constructive,
- Et la dynamique des savoirs socialisés.
L’idée de pluridétermination est l’idée que les compétences sont à la fois ressources (pour l’action, produites par l’activité constructive) et déterminés par l’ensemble des savoirs socialisés ayant fait l’objet de transmission). »
Pour Isabelle Vinatier, citant Lev Vygotski, la compréhension de l’activité pédagogique, par exemple un entretien de soutien à l’élève, est une activité constructive d’outils pour l’action.
P. 175 : « Avoir conscience de ses expériences vécues, n’est rien d’autre que de les avoir à sa disposition à titre d’objets (d’excitant) pour d’autres expériences vécues » Conscience, inconscient, émotions. LS Vygotski - 2003 – La Dispute, Paris
Le conseiller au moyen du dispositif mis en place, vise à aider les professionnels à mettre en mots, à conceptualiser une pratique professionnelle donc à créer un espace interpsychique :
Pour Isabelle Vinatier, citant Lev Vygotski, la compréhension de l’activité pédagogique, par exemple un entretien de soutien à l’élève, est une activité constructive d’outils pour l’action.
P. 175 : « Avoir conscience de ses expériences vécues, n’est rien d’autre que de les avoir à sa disposition à titre d’objets (d’excitant) pour d’autres expériences vécues » Conscience, inconscient, émotions. LS Vygotski - 2003 – La Dispute, Paris
Le conseiller au moyen du dispositif mis en place, vise à aider les professionnels à mettre en mots, à conceptualiser une pratique professionnelle donc à créer un espace interpsychique :
- d’élaboration d’un savoir à analyser,
- de formalisation de savoirs professionnels,
- de construction d’une identité professionnelle.
Conclusions provisoires en matière de formation des tuteurs pour la formation à distance
La démarche méthodologique et théorique mise en œuvre par Isabelle Vinatier nous semble particulièrement féconde pour la conception de dispositifs de formation de tuteurs en FOAD fondés sur l’analyse de leur activité.
Quelques exemples, à cette étape de la réflexion, peuvent être évoqués de compétences-clef des tuteurs qui pourraient être soutenues par un dispositif d’analyse des situations de travail.
1 – L’analyse des traces
Les tuteurs en FOAD expérimentés exerçant dans des environnements numériques possèdent une pratique de recueil de traces pédagogiques des interactions avec les acteurs du dispositif en particuliers avec les apprenants. Ils s’appuient pour leurs usages propres sur des traces objectives de l’activité des apprenants ou du produit de son activité. (Dossier apprenant, évaluations, devoirs, blogs..).
Les environnements des plateformes produisent des traces mais cependant la sémantique explicite de ces traces ne peut être portée que par la compétence des acteurs Certains tuteurs expérimentés sont capables de construire de manière empirique des indicateurs d’activités des apprenants à partir de ces variables, celles-ci prenant alors un sens d’attribution ou d’évaluation pédagogique précis dans le cadre du dispositif de FOAD.
Nous suggérons de former à cette compétence-clef les tuteurs en FOAD par un travail en groupe sur l’explicitation des liens d’attribution et d’inférences parfois erronés que font les tuteurs à partir d’une part des variables de traces (temps de consultation, fréquences de connexion, chemins de navigation, etc.), des réalisations des apprenants (devoirs, évaluations, blogs..) et d’autres part leur propre construction d’indicateurs sémantique et pédagogique (acquisitions des savoirs, motivation, assiduité, autodidaxie, capacités métacognitives...).
2 – Identifier les classes de situations
Une des compétences qui nous semble être l’apanage des tuteurs expérimentés consiste à savoir identifier dans la dynamique du cours en ligne des temps forts qui nécessitent de mettre en œuvre des attitudes et des interactions différentes en direction des apprenants dans l’objectif de résoudre les problèmes ou de répondre à des besoins.
Citons par exemple, les temps d’entretien pour le soutien à l'apprentissage (identification avec l'apprenant de ses stratégies métacognitives) ou encore les temps d’entretien sur les dimensions institutionnelles lié au projet professionnel de l'apprenant.
La formation par l’analyse de pratiques pourrait consister alors à apprendre à identifier en groupe les indicateurs de « régimes » (Pastré 1999) de ces temps précis. Ou encore, développer sa capacité à articuler ensemble les niveaux d'écoute ou plans de support à l'apprentissage.
Nous suggérons ici que les universités et les organismes de formation impliqués dans le développement des compétences des acteurs de la formation à distance mettent en place des espaces de retour d’expériences et d’interprétation de celle-ci. Les groupes d’analyse de pratiques tutorales semblent répondre à cet enjeu.
Références
Vinatier Isabelle, Pour une didactique professionnelle de l'enseignement, Presses Universitaires de Rennes, 2009
P Pastré Travail et compétences: un point de vue de didacticien cereq.fr [PDF]
- Formation et Emploi, 1999 - portail.cereq.fr http://portail.cereq.fr/FEM/FEM678.pdf
R Samurçay, P Rabardel, Modèles pour l'analyse de l'activité et des compétences, propositions –Recherches en didactique professionnelle, 2004
J. Rogalski, Y a-t-il un pilote dans la classe ? Une analyse de l'activité de l'enseignant comme gestion d'un environnement dynamique ouvert. Recherches en didactique des mathématiques 2003, vol. 23, no3, pp. 343-388 46 pages
P Rabardel, R Samurçay, P Pastré - Paris, Recherches en didactique professionnelle, Octares Edition, 2004.
La démarche méthodologique et théorique mise en œuvre par Isabelle Vinatier nous semble particulièrement féconde pour la conception de dispositifs de formation de tuteurs en FOAD fondés sur l’analyse de leur activité.
Quelques exemples, à cette étape de la réflexion, peuvent être évoqués de compétences-clef des tuteurs qui pourraient être soutenues par un dispositif d’analyse des situations de travail.
1 – L’analyse des traces
Les tuteurs en FOAD expérimentés exerçant dans des environnements numériques possèdent une pratique de recueil de traces pédagogiques des interactions avec les acteurs du dispositif en particuliers avec les apprenants. Ils s’appuient pour leurs usages propres sur des traces objectives de l’activité des apprenants ou du produit de son activité. (Dossier apprenant, évaluations, devoirs, blogs..).
Les environnements des plateformes produisent des traces mais cependant la sémantique explicite de ces traces ne peut être portée que par la compétence des acteurs Certains tuteurs expérimentés sont capables de construire de manière empirique des indicateurs d’activités des apprenants à partir de ces variables, celles-ci prenant alors un sens d’attribution ou d’évaluation pédagogique précis dans le cadre du dispositif de FOAD.
Nous suggérons de former à cette compétence-clef les tuteurs en FOAD par un travail en groupe sur l’explicitation des liens d’attribution et d’inférences parfois erronés que font les tuteurs à partir d’une part des variables de traces (temps de consultation, fréquences de connexion, chemins de navigation, etc.), des réalisations des apprenants (devoirs, évaluations, blogs..) et d’autres part leur propre construction d’indicateurs sémantique et pédagogique (acquisitions des savoirs, motivation, assiduité, autodidaxie, capacités métacognitives...).
2 – Identifier les classes de situations
Une des compétences qui nous semble être l’apanage des tuteurs expérimentés consiste à savoir identifier dans la dynamique du cours en ligne des temps forts qui nécessitent de mettre en œuvre des attitudes et des interactions différentes en direction des apprenants dans l’objectif de résoudre les problèmes ou de répondre à des besoins.
Citons par exemple, les temps d’entretien pour le soutien à l'apprentissage (identification avec l'apprenant de ses stratégies métacognitives) ou encore les temps d’entretien sur les dimensions institutionnelles lié au projet professionnel de l'apprenant.
La formation par l’analyse de pratiques pourrait consister alors à apprendre à identifier en groupe les indicateurs de « régimes » (Pastré 1999) de ces temps précis. Ou encore, développer sa capacité à articuler ensemble les niveaux d'écoute ou plans de support à l'apprentissage.
Nous suggérons ici que les universités et les organismes de formation impliqués dans le développement des compétences des acteurs de la formation à distance mettent en place des espaces de retour d’expériences et d’interprétation de celle-ci. Les groupes d’analyse de pratiques tutorales semblent répondre à cet enjeu.
Références
Vinatier Isabelle, Pour une didactique professionnelle de l'enseignement, Presses Universitaires de Rennes, 2009
P Pastré Travail et compétences: un point de vue de didacticien cereq.fr [PDF]
- Formation et Emploi, 1999 - portail.cereq.fr http://portail.cereq.fr/FEM/FEM678.pdf
R Samurçay, P Rabardel, Modèles pour l'analyse de l'activité et des compétences, propositions –Recherches en didactique professionnelle, 2004
J. Rogalski, Y a-t-il un pilote dans la classe ? Une analyse de l'activité de l'enseignant comme gestion d'un environnement dynamique ouvert. Recherches en didactique des mathématiques 2003, vol. 23, no3, pp. 343-388 46 pages
P Rabardel, R Samurçay, P Pastré - Paris, Recherches en didactique professionnelle, Octares Edition, 2004.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire