lundi 31 mai 2010

L’apprenant sans formateur ? (épisode 1) Par Jean Vanderspelden


Jean Vanderspelden (jean.vanderspelden@free.fr) est consultant ITG en individualisation et FOAD. Il a imaginé pour le Blog de t@d, une série de billets portant sur la thématique de l'apprenance et des nouvelles relations illustrées entre apprenant-appreneur, dont le titre générique est : "Apprenant sans formateur ? ".

Il se propose, d'ici la fin de l'année, d'écrire quatre épisodes dont voici le premier intitulé "Le temps l'emporte sur l'espace - L’apprenant va-t-il rencontrer toujours ses formateurs ? Les prochains épisodes (titres sous réserve d'ajustement) seront : La culture de l’écran concurrence celle du livre – épisode 2 (à venir) L’apprenant et le formateur ont-il encore un terrain de conciliation ? Jouer à vivre ou bien vivre à apprendre – épisode 3 (à venir) Dans une approche réseau, le «Digital Native» a-t-il besoin d’un formateur ? Apprendre chez soi ou dans son entreprise – épisode 4 (à venir) L’apprenant a-t-il intérêt à rencontrer un formateur ?



L’apprenant sans formateur ? (épisode 1)
ou la rencontre durable de plus en plus improbable entre l’apprenant et ses formateurs, et donc, vers des responsabilités nouvelles à partager…

Le temps l’emporte sur l’espace : l’apprenant va-t-il rencontrer toujours ses formateurs ?

Michel Serres nous rappelait récemment que si on demandait à une personne son adresse, sans préciser postale, on prenait le risque de récupérer juste son email. Aujourd’hui, on se positionne, on se calcule, GPS oblige, autant dans le temps que dans l’espace. L’email et ses mots de passe associés, forment un code numérique qui permet à chacun de s’affranchir, en partie, du lieu d’activité, du lieu de loisir ou du lieu personnel, pour rester en contact permanent et instantanément, si on le souhaite. L’une des questions n’est plus de savoir d‘où on se connecte, mais quand et à quelle fréquence ? L’autre question est bien-sûr la raison et le sens du traitement de ces informations, fugaces pour la plupart, issues de ces services, futiles pour certains, que portent tous les e-auxiliaires à notre «service» dans nos espaces de vie. De même, si on demande à un banlieusard où il habite, il ne va pas répondre à 18 kilomètres du centre ville, mais à 45 minutes. Ainsi, indépendamment de la qualité d’un quartier ou de la construction plus ou moins durable, l’attrait d’un habitât peut être lié à la proximité d’une gare TGV ou d’un nœud urbain principal : des réseaux routier, ferré, numérique, … et social.

Appliqué à la formation, surtout celle tout au long et tout au large de la vie, ce rapport comptable entre le temps et l’espace, induit aujourd’hui la mise en oeuvre de formations ouvertes et à distance d’un type particulier. Si la FOAD peut être considérée comme une combinatoire multiple entre les trois unités d’action, de lieu et de temps, on observe que de plus en plus d’actions FOAD se structurent pour dégager une nouvelle forme implicite de consensus temporel entre l’apprenant, le formateur et l’institution. Ce compromis résiderait dans la consommation faible d’un temps partagé obligé. L’important ne serait plus forcément d’être physiquement présent avec son formateur, mais de garder un lien pluriel avec l’institution, et surtout, avec sa communauté d’apprentissage, quand elle existe. Ce lien évolutif est à la fois synchrone et asynchrone, individuel et collectif, actif et proactif, formatif et productif, libre et contraint. Certes, il demeure, et demeura, aussi dans des temps présentiels avec les formateurs, mais «espacés».

Cette nouvelle distribution restera cohérente, sous réserve d’accéder, via le réseau numérique, à niveau suffisamment efficace, aux contenus en ligne, aux consignes et aux conseils des formateurs distants, également en ligne. Il s’agit aussi de pouvoir saisir en vivant, in situ, les enjeux sociaux de l’apprentissage et de la formation. L’essor des cours ballado-diffusés par les universités, l’activité des antennes des Ateliers de Pédagogie Personnalisée et le développement des Points d’Accès à la Téléformation en région, la systématisation des tutorats en ligne autour des plates-formes de télé-formation, la banalisation des visioconférences à la place des traditionnelles réunions, l’accès facilité aux espaces collaboratifs, l’usage des réseaux sociaux à des fins pédagogiques, la démultiplication des outils du Web 2.0 à toutes les sauces, les applications à tendances formatives sur les smartphones, y compris californiens, etc… sont autant de preuves de ces tendances lourdes de l’apparition et de l’ancrage du «Mobil-learning» ou en français «Apprentissage nomade».

Réunir régulièrement dans un même lieu, un enseignant avec des étudiants, un formateur avec des apprenants, un consultant avec des salariés, (un commercial avec ses clients), ou un bénévole avec des membres d’une association, s’il n‘y pas une intention pédagogique ou sociale explicite à cette dimension collective, pourrait se révéler contre-productif ! Le phénomène inquiétant des décrocheurs de collèges, de lycées, d’universités, et même, semble-t-il, d’écoles d’ingénieur, illustre cette tension. Si l’époque de la société dite industrielle où l’écolier, muni de son certificat d’étude, devait passer par le lycée de la ville préfecture pour rejoindre le temple du savoir, (i.e l’université) à la capitale, est bel et bien révolue, celle d’une «société apprenante» est encore à construire. Ce sont les organismes de formation, les CFA, les universités, et leurs partenaires territoriaux, y compris les OPCA, qui ont la charge d’organiser un nouvel accès facilité à tous les apprenants, avec la stratégie européenne renouvelée en 2005 à Lisbonne, concernant la société de l’information.

Demain, peut-on imaginer la systématisation des actions de formation ouvertes où les formateurs ne rencontrent qu’à «l’occasion» les apprenants juste pour la validation ? Est-il avéré que ce n’est plus la peine de se rassembler dans un même lieu pour apprendre ? Avec les porosités sous-jacentes de nos espaces de vie et de travail, qu’a-t-on à perdre et à gagner, et surtout, qui devrait y gagner et qui devrait y perdre ?

Les premiers éléments de réponse seraient dans la formule : «Tous apprenants, tous tuteurs, tous appreneurs !»

Aux regards des contradictions, de la complexité et des tensions de nos sociétés, «apprenant» semble être le seul métier durable, mais avec double nécessité :

  • de comportements nouveaux et responsabilités reconnues des apprenants pour saisir toutes les opportunités d’auto-apprentissage, plus ou moins accompagnées dans un cadre formel, non formel et informel, tout au long de la sa vie ;
  • d’une diversification du métier de formateur (accompagnateur et concepteur) dans un cadre légal et réglementaire toujours décalé au regard des enjeux. Il s’agirait de mettre en place un espace de cohérence stable, avec plus d’ouverture, visant à coupler «FOAD» et «apprenance».
Jean Vanderspelden

15 commentaires:

Nicole Masson a dit…

Votre article est passionnant, tellement en prise avec ce que je vis comme pilote d'un enseignement totalement en ligne amenant à une licence de Lettres. J'attends les autres billets avec impatience.
Nicole Masson

lasia a dit…

Je suis étudiante en lettre modernes dans une licence à distance (Poitiers).Je vis à côté de Bayonne, et j'ai choisi cette licence car c'est pour le moment la seule, à ma connaissance, où les étudiants ne se sentent pas isolés: nous pouvons échanger autant que souhaité avec les autres étudiants, les tuteurs, les enseigants.Nous bénéficions de cours de haut niveau, passionnants, nous avons des exercices, et des devoirs notés, et nous arrivons ainsi fin prêts pour la validation.
Beaucoup d'entre nous ne pourraient étudier sans cette formule(parents d'enfants en bas-âge, salariés,personnes malades, handicapées).
J'ai connu "l'échec scolaire", j'ai tout arrêté en troisième.En 2007, j'ai passé cependant mon DAEU A, via un campus numérique également.Je pense sincèrement que cette méthode peut redonner le goût aux études à une grande majorité de gens.
Isabelle.

Anonyme a dit…

merci Jean de renforcer mes réflexions sur l'importance de concevoir le concept "apprendre à apprendre avec les TIC " autrement aujourd'hui.
J'ai un projet sous le coude allant dans ce sens qui ne demande qu'à naître. Une question : les formateurs sont-ils réellement prêts au regard de la morosité ambiante de la formation professionnelle. Je garde espoir et confiance dans la nouvelle génération de formateurs.
J'espère pouvoir contribuer avant la retraite à cet "espace de cohérence" nécessaire dont tu parles et qui me semble incontournable.
Au plaisir de lire la suite ....
Bien cordialement
Anne marie Chiaroni

Anonyme a dit…

Merci Jean.
J'ai eu plaisir à lire cet article de fond sur les formations autres qu'en face à face pédagogique, les FOAD. L'écrit tient compte des dernières technologies qui contribuent à influencer le concept de FOAD et illustre bien les impacts à tous les niveaux (formateurs, enseignants, apprenants, tuteurs, financeurs).
Je lirai les épisodes 2, 3 et 4 avec une agréable attente de suspens.

Bonne journée,
Véronique J

Anonyme a dit…

Merci Jean pour cette contribution.

J'ai eu plaisir à lire cet article de fond sur les formations autres qu'en face à face pédagogique, les FOAD. L'écrit tient compte des dernières technologies qui contribuent à influencer le concept de FOAD et illustre bien les impacts à tous les niveaux (formateurs, enseignants, apprenants, tuteurs, financeurs).
Je lirai les épisodes 2, 3 et 4 avec une agréable attente de suspens.

Bonne journée,
Véronique J

Anonyme a dit…

Merci Jean pour cette réflexion amorcée concernant l'articulation de l'Espace et du Temps en FOAD. Je ne manquerai pas de lire la suite que je sens prometteuse. Lorsque tu évoques le "mobile learning" et la notion d'apprentissage nomade, je ne peux m'empêcher de penser à l'arrivée du IPad qui contribuera très certainement à ce développement... pour autant que les publics loin de la formation puissent se l'offrir ! Question de f(r)acture numérique...

Bien cordialement,

Jean Michel Massu
http://www.over-line.org/wordpress/

Anne, Tifenn et Didier (les DAT) a dit…

Hello Jean,
je vois que des personnes variées mais très concernées par le sujet te répondent !!!
Merci de nous aider à poursuivre la réflexion à plusieurs... relancée peut-être par ton intervention dans le FPP3 ?
Bien amicalement
Anne

Des bonjours à Anne Marie CHIARONI et à Jean-Michel MASSU au passage :-)
(Anne DUBAELE-LE GAC - R&T Pôle ASB (CRI Midi-Pyrénées)

Laddoo a dit…

Merci Jean de poser les questions... on pourrait discuter des réponses, s'il y en a...
L'apprenant est invité, par la nouvelle loi, à contractualiser en son nom lorsqu'il choisit de partir en formation, les TIC rendent-elles à la personne la responsabilité de ses choix?... Ricoeur t'es là?
Kristine Poirier

Anonyme a dit…

Bonjour Jean !

Ayant intégré le Cned depuis quelques années, ma perception de la formation à distance a fortement évolué !
Oui, il s'agit bien d'une réponse à des besoins de vie libérant les contraintes spacio - temporelles et collectives, une réponse à des préférences cognitives à forte autonomie ou à la fuite d'un modèle pédagogique porteur d'un échec personnel.

un allier fort : ACCOMPAGNEMENTS

Au prochain billet
Valérie L

marcuzzi alain a dit…

Pour ma part, je trouve que la FOAD est un merveilleux outil, mais qu'il ne remplacera jamais (je l'espère) la médiation au sein d'un groupe, quid de la confrontation des idées en direct, des interactions sociales si précieuses ? La FOAD à mon sens, est utile pour des personnes qui ont déjà un niveau d'autonomie important et qui connaissent leurs propres modes d'apprentissage.

à bientôt et bonne continuation
Alain MARCUZZI
Coordonnateur de l'APP Paris Crimée - app-crimee@greta-m2s.fr
GRETA M2S - GRETA des Métiers de la Santé et du Social
Lisez le journal de l'APP ! http://prfc.scola.ac-paris.fr/APP/APP_Accueil.php

lasia a dit…

Je ne suis pas d'accord avec le commentaire précédent. J'ai réussi à passer d'un niveau 3ème à la FAC de Lettres Modernes en une année(de DAEU à distance), et mon niveau d'autonomie est + que réduit: je suis reconnue handicapée à 79/100!
Quant au mode d'apprentissage, avec un niveau 3ème qui date(!)je n'en avais aucun!
ce qu'il faut pour réussir dans les études à distance? la soif d'apprendre, et la volonté fait le reste.
"la confrontation des idées en direct", est possible via les forums voire les "chats".
On peut vivre en marge de la société et être sociable!
On peut aussi ne pas l'être, et avoir tout de même le droit d'étudier!
J'irais même jusqu'à dire qu'il y a moins d'hypocrisie dans les "relations sociales à distance", les gens qui s'engagent dans ce type d'études ne le font pas à la légère: en général, ils savent à l'avance quelle implication cela va leur demander.

Bonne journée,
Isabelle

Vanderspelden Jean a dit…

Bonjour à tous,

Merci pour vos contributions publiées via ce blog directement ou via mon email. Cela m'encourage à creuser la question du couplage entre des pratiques de formation plus ouvertes (FOAD en particulier) et l'émergence de l'apprenance ; concept que Philippe Carré à mis en valeur. Ce concept vise à donner plus de responsabilité à l'action de l'apprenant.

Merci à Isabelle pour son double témoignage qui illustre de mon point de vue, cette nouvelle donne.

Prochain épisode, sur le nouveau métier qui découle de l'émergence de l'apprenance, début juillet...

Bonne continuation à tous - Jean

Eric GOYARD a dit…

Bonjour,
Je suis particulièrement sensible à l’argumentaire d’Isabelle où les tags pourraient être « échec scolaire ; méthode pouvant redonner le goût aux études ; moins d'hypocrisie dans les relations sociales à distance (je vous invite à lire « Le malentendu » de La Cecla : http://www.amazon.fr/Malentendu-Franco-Cecla/dp/2715814003) » même s’il ne me semble pas opportun de jeter l’opprobre sur tous ceux pour qui la formation est avant tout une rencontre.

Bien sûr, s’il est possible - et même dans certains cas une nécessité (rupture de clan, rupture académique) - de se former en catimini pour ne pas dire « tout à distance » ( ce qui n’est pas la définition de la FOAD ) l’apprentissage ne se réalise jamais sans le regard de l’autre. Albert Jacquard nous explique qu’il s’agit là même de la traduction directe de notre programmation génétique… Que les formateurs soient rassurés !

La question est donc une nouvelle fois de savoir où se situe la distance - un formateur bien présent peut-être si distant (…) - mais aussi, et il ne s’agit pas là d’un simple tour de passe-passe sémantique : où se situe la présence ?

Pour illustrer mon propos, je peux témoigner du montage d’une formation de tuteurs en entreprise (qui auront à accompagner des jeunes dans le cadre de parcours par alternance) que nous animons, mes complices du réseau Média-T (http://www.media-t.fr) et moi. Nous formions donc, à tour de bras, des tuteurs sur 4 jours présentiels pour un grand groupe quand nous nous sommes convaincu que ces formations pouvaient concourir plus largement à l’installation de la fonction tutorale dans l’entreprise, ce qui bien sûr est l’un de nos objectifs, à la condition de mieux les articuler avec les temps du travail. Nous avons donc décidé de construire une action hybridant présence et distance avec 2 jours « en salle », une intersession équivalente à une journée sur 1 mois suivie d’une dernière journée de retour d’expériences. L’intersession est difficile à élaborer ; elle nécessite de préparer les participants à sa pleine réalisation, de structurer et d’outiller son suivi et de créer un continuum entre les objectifs de la formation (accompagner l’autre dans l’apprentissage d’un métier) et les enjeux de l’entreprise (produire), ce qui sous-tend l’obtention de la pleine coopération des équipes managériales. Pour présenter et argumenter ce projet de réingénierie, nous avons décidé de qualifier de « formation à distance » les moments présentiels - puisque les participants sont éloignés de leur lieu de travail, de leur managers et surtout de leur apprenti - et d’inventer des moments présentiels, dans l’entreprise, ou tous sont plus ou moins largement sollicités…

Quant au versus temporel, dans un monde où de plus en plus de jeunes et de moins jeunes twittent comme des fous (peut-être pas autant que Jacques Rodet ;-), on peut conjuguer, en effet, à l’espace son temps. Plus de rupture de clan justement… ma gamine bloque sur FaceBook, pique régulièrement l’iphone de son père, et s’avère être d’une vivacité étonnante ! Bien sûr, l’adulescence lui pend au nez si j’en crois Wikipédia (http://fr.wikipedia.org/wiki/Adulescence) mais en quoi l’apprendre avec les autres est-il un problème ? Parce qu’elle apprend, croyez-moi ! Mais où sont ses professeurs ? Le mobile-learning pourrait leur être d’une aide précieuse… ce ne sera pas pour cette génération. Quand à moi, il me reste à lui lire René Girard, un bon antidote au syndrome des « bleus »…

Bien à vous,
Eric

Eric Goyard a dit…

Bonjour,

Je suis particulièrement sensible à l’argumentaire d’Isabelle où les tags pourraient être « échec scolaire ; méthode pouvant redonner le goût aux études ; moins d'hypocrisie dans les relations sociales à distance (je vous invite à lire « Le malentendu » de La Cecla : http://www.amazon.fr/Malentendu-Franco-Cecla/dp/2715814003) » même s’il ne me semble pas opportun de jeter l’opprobre sur tous ceux pour qui la formation est avant tout une rencontre.

Bien sûr, s’il est possible - et même dans certains cas une nécessité (rupture de clan, rupture académique) - de se former en catimini pour ne pas dire « tout à distance » ( ce qui n’est pas la définition de la FOAD ) l’apprentissage ne se réalise jamais sans le regard de l’autre. Albert Jacquard nous explique qu’il s’agit là même de la traduction directe de notre programmation génétique… Que les formateurs soient rassurés !

La question est donc une nouvelle fois de savoir où se situe la distance - un formateur bien présent peut-être si distant (…) - mais aussi, et il ne s’agit pas là d’un simple tour de passe-passe sémantique : où se situe la présence ?

Pour illustrer mon propos, je peux témoigner du montage d’une formation de tuteurs en entreprise (qui auront à accompagner des jeunes dans le cadre de parcours par alternance) que nous animons, mes complices du réseau Média-T (http://www.media-t.fr) et moi. Nous formions donc, à tour de bras, des tuteurs sur 4 jours présentiels pour un grand groupe quand nous nous sommes convaincu que ces formations pouvaient concourir plus largement à l’installation de la fonction tutorale dans l’entreprise, ce qui bien sûr est l’un de nos objectifs, à la condition de mieux les articuler avec les temps du travail. Nous avons donc décidé de construire une action hybridant présence et distance avec 2 jours « en salle », une intersession équivalente à une journée sur 1 mois suivie d’une dernière journée de retour d’expériences. L’intersession est difficile à élaborer ; elle nécessite de préparer les participants à sa pleine réalisation, de structurer et d’outiller son suivi et de créer un continuum entre les objectifs de la formation (accompagner l’autre dans l’apprentissage d’un métier) et les enjeux de l’entreprise (produire), ce qui sous-tend l’obtention de la pleine coopération des équipes managériales. Pour présenter et argumenter ce projet de réingénierie, nous avons décidé de qualifier de « formation à distance » les moments présentiels - puisque les participants sont éloignés de leur lieu de travail, de leur managers et surtout de leur apprenti - et d’inventer des moments présentiels, dans l’entreprise, ou tous sont plus ou moins largement sollicités…

Quant au versus temporel, dans un monde où de plus en plus de jeunes et de moins jeunes twittent comme des fous (peut-être pas autant que Jacques Rodet ;-), on peut conjuguer, en effet, à l’espace son temps. Plus de rupture de clan justement… ma gamine bloque sur FaceBook, pique régulièrement l’iphone de son père, et s’avère être d’une vivacité étonnante ! Bien sûr, l’adulescence lui pend au nez si j’en crois Wikipédia (http://fr.wikipedia.org/wiki/Adulescence) mais en quoi l’apprendre avec les autres est-il un problème ? Parce qu’elle apprend, croyez-moi ! Mais où sont ses professeurs ? Le mobile-learning pourrait leur être d’une aide précieuse… ce ne sera pas pour cette génération. Quand à moi, il me reste à lui lire René Girard, un bon antidote au syndrome des « bleus »…

Bien à vous,
Eric

bertrand lebert a dit…

Eh bien me revoila Jean. Je dirai 2 choses importantes. 1° On sacralisé la relation prof/élève parce qu'on avait pas d'autre solution. C'était obligé et ça ne convient pas à tout le monde.
2° Cela redonne de la valeur au face à face pédagogique qui devenant rare est donc soumis à la loi de la rareté ( rare =précieux cher en valeur marchande).