lundi 1 février 2010

Les particularités du tutorat dans un parcours Pairform@nce. Par Peter Steck


Pairform@nce est un programme d'enrichissement et développement des pratiques personnelles des enseignants en matière de TICE, basé sur une participation collaborative aux parcours de formation. Il est co piloté par la DGESCO (Direction Générale de l'enseignement scolaire) et la SDTICE (sous direction des technologies de l'information et de la communication pour l'éducation.) du Ministère de l'éducation nationale.


Paramètres du parcours Pairform@nce


L'objectif d'une formation à l'aide d'un parcours
Pairform@nce est que les enseignants acquièrent les connaissances et compétences nécessaires pour mettre en œuvre une méthode d'enseignement (incluant les TICE ou non) avec leurs élèves.

Pour définir les particularités du tutorat dans un parcours Pairform@nce il faut tenir compte de deux paramètres :

Le premier est le contexte particulier de la formation continue des professeurs du second dégré (je vais schématiser). Il s'agit de personnes qui disposent de très peu de temps. Lorsqu'ils veulent adopter une nouvelle forme de travail avec leurs élèves ils prennent des risques, souvent, ils hésitent à le faire parce qu'ils ne veulent pas perdre le contrôle sur l'activité de la classe. Ils sont très souvent réfractaires à des exposés théoriques ou un langage venant des sciences de l'éducation. La formation doit par conséquent être assez concise sans négliger les apports théoriques nécessaires (il faut trouver un bon dégré de vulgarisation (1), adapter le langage pour trouver l'adhésion des stagiaires et faire acquérir un niveau de compétences suffisant pour que les enseignants soient rassurés par rapport au risque à prendre lors de la mise en œuvre en classe.

Le deuxième est la forme hybride des parcours Pairform@nce. Deux citations me semblent intéressantes pour ce point. La première est de Stéphanie Ceron, citée dans le mémoire de Lucie Audet : « …la formation à distance dissocie. Le tuteur est là pour essayer d’assembler, de relier ce que la distance défait. » La deuxième est de Jacques Rodet, énoncée lors d'un chat : « Les formes hybrides permettent effectivement de ne pas changer tous les repères en même temps ».

La mise en place de la formation

Il me semble que la première réunion en présentiel et sa préparation revêtent une importance primordiale pour la réussite de la formation (2).

La préparation de la première réunion
Les enseignants qui se sont inscrits ont lu à minima une « courte présentation » de la formation qui les a informés sur la méthode d’enseignement à apprendre, les différents compétences à mettre en œuvre (disciplinaires et C2i2e), les pré-requis nécessaires, le matériel nécessaire et la durée approximative du parcours. Ils ont également vu un exemple de la méthode proposée.

Ils doivent recevoir un document qui leur explique brièvement le déroulement de la formation (les 7 étapes du parcours Pairform@nce (3). Ce document doit les inciter à se rendre sur la plate-forme pour qu’ils aient un premier aperçu du matériel pédagogique proposé. L’idéal serait qu’ils se présentent rapidement sur un forum et qu’ils répondent à un questionnaire sur leur niveau de compétences pour que le tuteur puisse adapter le matériel pédagogique.

A ce stade, les stagiaires ont déjà une idée sur le déroulement de la formation et ils ont déjà pu s’exprimer sur leurs attentes. La communication de l’autoévaluation du niveau de leurs compétences est pour eux un moyen de se rassurer sur leur capacité de suivre la formation.

La première réunion
Je me base sur la trame d’entretien collectif proposée à la page 10 du document « Tutorat et tuteurs à distance », Jacques Rodet, 2001
  • Présentation de chacun des membres
  • Analyse du sondage sur les pré-requis et établissement d’un vocabulaire commun pour les termes indispensables.
  • Choix des contenus et constitution des groupes
  • Présentation détaillée du déroulement du parcours et établissement collective d’un calendrier de travail qui tient compte des disponibilités de chacun (Ce calendrier doit tenir compte des différents niveaux de compétences des apprenants qui déterminent le volume de la formation).
  • Prise en main de la plate-forme, choix des outils de communication et explication de leur fonctionnement
  • Définition d’une charte de fonctionnement
Après cette réunion, chacun doit avoir un sujet sur lequel il travaille, un groupe de collègues avec qui l travaille et un calendrier de travail. Il doit savoir où trouver le matériel pédagogique et comment utiliser les différents moyens de communication. Il doit également savoir à qui s’adresser lors de différentes étapes de la formation.

Il faut que le tuteur ait pu installer une relation de confiance entre les stagiaires. La charte de fonctionnement sera l’outil pour clarifier la relation avec le tuteur. Elle doit tenir compte des appréhensions de chaque membre du groupe.

Au plan administratif, le tuteur doit à ce moment éventuellement revoir les modalités de la formation, en particulier la durée et l’introduction d’une journée en présentiel supplémentaire lors de l’étape 4.

L'autoformation - la co-formation

La plate-forme Pairform@nce regroupe tous les outils de communication (à l’exception de la classe virtuelle) et tout le matériel pédagogique lors de cette phase de formation à distance. Il n’est pas nécessaire de s’inscrire sur d’autres plate-formes. Si l’on peut accéder à la plate-forme pairformance via l’ENT, les stagiaires seront dans un environnement familier en lien étroit avec leur établissement d’exercice. Ce sont-là des facteurs facilitateurs et rassurants.


Il serait intéressant que le tuteur organise le contenu de la plate-forme selon le calendrier établi. Cela facilite la navigation sur la plate-forme.

Production collective d'une activité ou séquence pédagogique

A ce stade de la formation, la plate-forme sert aussi d’espace de dépôt des productions des apprenants. Il me semble important que le tuteur soit très présent au moment du dépôt pour :

  • recadrer le travail (une rétroaction écrite pourrait être de rigueur à ce moment).
  • veiller à ce que tous les participants fournissent le travail demandé (des entretiens individuels d’analyse des difficultés peuvent être nécessaires).
  • faire la synthèse des productions déposées pour que les différents groupes puissent s’inspirer de l’activité de l’autre.
  • s’assurer de la faisabilité de l’activité produite dans l’établissement (faisabilité technique et accompagnement technique surtout).
  • élaborer avec les apprenants les outils d’évaluation de la mise en œuvre de l’activité avec les élèves.
Selon la complexité de la tâche demandée, il peut être pertinent de réunir tous les stagiaires pour finaliser le travail. Ce sera aussi nécessaire si, lors de l’élaboration de l’activité en classe, les stagiaires ont développé une appréhension grandissante de la mise en œuvre de l’activité avec les élèves. Cela est particulièrement important pour les formations TICE. Si les enseignants n’ont jamais utilisé les TICE avec les élèves, le cap de la première utilisation est particulièrement difficile à prendre, notamment pour les usages en salle informatique.

Le retour réflexif sur la mise en œuvre

L’analyse et la synthèse des évaluations de la mise en œuvre est primordial pour une implantation pérenne des pratiques nouvelles dans l’enseignement secondaire. Le tuteur doit veiller à une analyse minutieuse de ces évaluations sur la base des programmes d’enseignement. C’est sa qualité d’expert qui est demandée à ce stade pour :
  • émettre un avis sur la validation éventuelle des items des différents référentiels de compétence
  • proposer des solutions pour les difficultés rencontrées.
  • choisir des exemples particulièrement réussis pour enrichir le matériel pédagogique.
  • proposer des suppléments de formation selon les besoins constatés.
  • proposer d’autres formations pour faire avancer les stagiaires dans leur métier d’enseignant.
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(1) Je pense que la vulgarisation des connaissances informatiques est très importante. Si l’on est amené à utiliser des termes techniques indispensables comme « fichier », « dossier », ou « réseau pédagogique », il faut absolument les définir ensemble.

(2) Je considère qu’une formation est réussie si la grande majorité des stagiaires est allé jusqu’au bout et qu’il y ait activité en classe avec les élèves.

(3) Les 7 étapes d'un parcours Pairfrom@nce sont les suivantes : i) Entrée dans la formation, ii) Sélection des contenus et formation des équipes, iii) Autoformation et co-formation en présence et à distance, iv) Production collective d'une situation pédagogique, v) Mise en oeuvre de la séquence ou de l'activité, vi) Retour réflexif sur cette mise en oeuvre, vii) Évaluation de la formation.

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