Il y a plusieurs semaines, je présentais le "Guide d’orientation pour la scénarisation du tutorat en ligne" de Richard Hotte et Véronique Besançon.
Des nombreuses informations contenues dans ce guide, celles concernant les modèles du tutorat me paraissent pouvoir faciliter la conception d'une stratégie tutorale.
C'est pourquoi je reproduis ci-après les textes présentant 3 modèles (prescriptif, collaboratif, relationnel). Les illustrations qui les accompagnent peuvent être visualisées sur le site d'origine (Dossiers technopédagogiques de Profetic).
Il est à remarquer qu'un modèle de tutorat ne saurait être choisi de manière indépendante de l'approche pédagogique du dispositif de formation. Sur ce point, je vous conseille la visite du site DismoiTic de Pierre Bénech.
Modèle prescriptif
Le modèle prescriptif explicite l’intervention du tuteur sous forme de tâches qui sont étroitement liées au contenu du cours, surtout aux travaux notés. Ces tâches sont prescrites par l’enseignant-concepteur de manière à orienter l’intervention du tuteur sur la dimension cognitive de l’apprentissage. L’intervention du tuteur est donc davantage axée sur le contenu du cours qu’orientée sur la démarche d’apprentissage de l’étudiant.
En général, peu de temps est consacré à l’encadrement des étudiants comme tel dans ce type d’approche, l’accent étant mis sur l’élaboration du cours et sur le scénario pédagogique d’apprentissage. Ce modèle demeure implicite et, par le fait même, il est rarement formalisé sous forme d’un scénario. D’une part, il se résume aux tâches apparaissant à la description de fonction administrative du tuteur : contact de démarrage, contacts individuels de suivi, gestion d’un forum pour les informations générales et évaluation des travaux notés. D’autre part, il est défini par la présentation du contenu, visant essentiellement la transmission de connaissances.
La compétence exigée du tuteur est de type cognitif, donc détenir une excellente connaissance du domaine.
L’instrumentation supportant l’intervention du tuteur dans ce modèle se compose d’abord du matériel de cours. La communication, surtout individuelle, est supportée par le téléphone et par le courrier électronique. L’information générale sur le fonctionnement du cours est, dans la majorité des cas, communiquée à l’aide d’un forum électronique.
Modèle collaboratif
Le modèle collaboratif s’est inspiré des travaux de Johnson et Johnson (1986) qui faisaient la preuve que des étudiants travaillant dans de petits groupes apprennent plus en profondeur et de manière plus persistante que ceux qui sont seuls et isolés. Le modèle collaboratif s’est donc appuyé sur ces expériences, des formations ont été planifiées mettant en place des groupes de travail utilisant les réseaux.
C’est donc lors de la conception des activités d’apprentissage que l’on met en place un modèle collaboratif de tutorat. Cette approche est beaucoup expérimentée dans les activités utilisant le forum comme environnement de discussion et de production. Par exemple, le forum sert d’espace de discussion pour petits groupes afin de préparer un travail soit d’équipe, soit individuel. L’animation de discussions dans le forum a comme but d’explorer un domaine en collaboration où chaque participant adopte un comportement collaboratif sous le guidage du tuteur. Le forum s’avère aussi un lieu privilégié pour la co-construction de connaissances par le travail en équipe.
Le formateur de ce cours jouera le rôle d’un tuteur-animateur qui a comme tâche de fond de favoriser l’émergence d’une communauté d’apprenants et de gérer (animer) les activités dans les forums de discussion et de production. Pour cela, on s’attend à ce que ce formateur possède certaines compétences propres à ce type d’intervention. Lise Damphousse (1996) nous les présente sous forme d’une carte conceptuelle.
La compétence de base exigée du tuteur est de type social et vise l’animation de groupe en plus, bien sûr, d’une connaissance du domaine. Sur le plan social, un tuteur à distance et en ligne est capable de planifier une façon de se comporter en groupe qui fasse progresser le groupe, de fournir de l’aide à la formation d’un groupe et finalement d’influencer la progression d’un groupe.
Dans le modèle de Damphousse (1996), on identifie quatre compétences de base : appliquer les techniques d’animation, appliquer les techniques d’encadrement et d’administration d’un groupe, adopter une attitude favorisant la collaboration et appliquer les fonctions d’animation du travail de groupe.
L’instrumentation supportant l’intervention du tuteur dans ce modèle se compose, en plus du matériel de cours, du courrier électronique pour la communication en mode individuel et du forum électronique pour la communication de groupe.
Modèle relationnel
Le modèle relationnel représente un scénario de tutorat en ligne qui trouve ses fondements dans les données tirées des enquêtes menées dans le cadre du projet Tuteur, instrumentation et communautés virtuelles (FQRSC), des travaux conduits par Emmanuel Duplàa dans le cadre de sa thèse de doctorat (2003-2006) et de l’évaluation d’une formation de moniteurs en ligne offerte à l’Université numérique de Bretagne (2004 et 2005). Ce modèle vise à renforcer l’affirmation identitaire du tuteur dans l’exécution de la fonction tutorale au sein de l’établissement de formation.
Ce modèle de scénario relationnel est fondé sur la capacité du tuteur à autoévaluer ses compétences en fonction de la formation dont il a la charge, mais aussi en fonction du profil du ou des apprenants, de leur histoire de vie réciproque, dont il va encadrer la démarche d’apprentissage. Il est également axé sur la notion de collaboration dans le sens où le tuteur devient un guide pour l’apprenant et agit en fonction des besoins de ce dernier. La conception et le développement de ce modèle font appel à l’ingénierie des compétences (Paquette, 2002) et visent à permettre de satisfaire les besoins des tuteurs tout en facilitant leur construction identitaire au sein de l’établissement de formation où ils exercent leur fonction. Ce modèle a été présenté au colloque du CEFES à l’Université de Montréal (octobre 2005).
La cognition envisagée comme construction de significations (Bruner, 1991) trouve dans l’interaction interhumaine un lieu privilégié. Dans le contexte éducatif de la formation en ligne, cette interaction humaine se déploie dans un monde médiatisé par des signes et des artefacts. Là, la relation pédagogique prend la forme d’une relation de collaboration avec l’apprenant par laquelle cet apprenant peut toujours faire plus que lorsqu’il est seul, tout comme l’entendait Vygotski (1997) en écrivant qu’« en collaboration avec quelqu’un l’enfant peut toujours faire plus que lorsqu’il est tout seul ». En collaboration signifie « sous la direction et avec l’aide de quelqu’un », ici ce quelqu’un est le tuteur.
La compétence exigée du tuteur est de type savoir-être, accompagnée d’une excellente connaissance du domaine. Le tuteur est alors capable d’adopter un comportement facilitant. Ici, l’acte éducatif repose sur une rencontre humaine entre un tuteur et un apprenant.
L’instrumentation supportant l’intervention du tuteur dans ce modèle se compose, en plus du matériel de cours, du téléphone et du courrier électronique pour la communication en mode individuel et du forum électronique pour la communication de groupe. À ces moyens de base, on peut, selon le cas, ajouter les nouvelles applications apportées par le web social, par exemple les blogues et les wikis. Ce choix reste à l’entière discrétion du tuteur et de l’apprenant au moment où ils déterminent, conjointement, le type de collaboration qui favorisera, dans le respect des compétences du tuteur et des attentes de l’apprenant, l’apprentissage désiré.
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