La question de la quantification des interventions tutorales fait encore peu l'objet de publications excepté l'article d'Anna Vetter que je citais il y a deux semaines environ (cf. Petit-exemple de quantification de tutorat auprès de collègiens)
Il y a un peu plus de deux ans, j'avais eu l'échange, reproduit ci-dessous, avec un des membres de t@d au sujet du nombre d'heures qu'il devait compter pour ses activités tutorales. Il me parait toujours un bon exemple des questions préalables à se poser avant de "tomber" un chiffre.
Question
Je joue le rôle de tuteur auprès de 6 jeunes en fin de formation au IUT d'informatique de l'université X.
Quel est le pourcentage raisonnable d'heures de tutorat pour 40 heures de cours ?
J'ai lu qu'une personne suggérait 12 heures pour cent heures de cours. Mais pour quelle taille de groupe ?
Existe-t-il quelques données de repères dans ce secteur ?
Réponse
Vous écrivez "je joue le rôle de tuteur..." Précisément, quel est ce rôle ?
Quelles sont les modalités de vos interventions tutorales ? Sont-elles en direction du groupe ? De chaque individu ? Proactives ? Réactives ? Sur quel plan ? Cognitif ? Méthodologique ? Administratif ? Technique ? Métacognitif ? Socio-affectif ? Motivationnel ? A partir de quels médias ?
Vous évoquez 40 heures de cours. Est-ce que ce sont des cours en présentiel ? A distance ? A partir d'un matériel pédagogique peu élaboré ? Très élaboré ? Autoportant ?
Quels sont les besoins des apprenants en matière de tutorat ? Quelles sont les attentes de l’institution à l’égard des tuteurs ?
Ces séries de questions pour vous dire que je ne pense pas qu'il y puisse y avoir de réponse standard ou d'équation "magique" entre nombre d'heures de cours et nombre d'heures de tutorat.
Par contre, il est possible que vous n'ayez pas à vous poser toutes ces questions, tout simplement parce que le nombre d'heures de tutorat vous sera imposé par votre institution. Il m'étonnerait que votre IUT soit prêt à vous rémunérer toutes les heures de tutorat que vous êtes prêt à effectuer.
Ainsi, le raisonnable n'est pas toujours équivalent au souhaitable.
Un exemple
Dans le cadre d'un tutorat « d'agences projets » de 4 ou 5 étudiants en licence STIC ayant à concevoir un dispositif de FAD sur 150 h (150 x 4 ou 150 x 5), projet faisant suite à 100 heures de cours en présentiel, l'ensemble des profs disposent de 4 heures par étudiant (16 ou 20 heures par agence) pour leurs interventions tutorales.
Après répartition de ces heures avec mes collègues j'ai entre 8 et dix heures de tutorat par agence. Si je ne comptabilise que mes interventions de tutorat en présentiel (dans ce cadre, les seules reconnues par mon institution), c'est suffisant et parfois trop important dans le cas d'agence rassemblant des étudiants assez autonomes (c'est rare). Par contre si je comptabilise également mes interventions à distance (mail, téléphone, lectures et commentaires aux versions intermédiaires de livrables), je dépasse systématiquement mon quota d'heures. Si de plus, comme l'indique mon institution, je comptabilise le temps de correction des travaux comme du temps de tutorat, je dépasse largement mes 8 ou dix heures par agence, de 50 à 100% selon les cas.
Ainsi, je privilégie le souhaitable pour les étudiants au détriment du raisonnable pour moi-même (rapport rémunération/temps). Cela me déplait car je conforte l'institution dans sa quantification erronée du tutorat mais, par ailleurs, cela me plait de faire mon travail de tuteur tel que j'estime devoir le faire.
En résumé
Soit vous définissez votre temps de tutorat après avoir planifié toutes vos interventions (définitions, modalités, temporalités, etc.). C'est un travail long et pas forcément évident si on ne connait pas bien les besoins de soutien des étudiants, si les attentes de l’institution ne sont pas précisées et si l'on manque de repères en tant que praticien du tutorat.
Soit vous faites plus ou moins dans le cadre qui vous est fixé par votre institution en prenant garde au sur-investissement.
Dans tous les cas, tirez des informations de votre pratique. C'est à partir d'une auto-évaluation à portée métacognitive et d'une réflexion sur votre pratique que vous pourrez mieux maitriser la quantification de vos interventions tutorales.
Image dans son contexte original, sur la page calculmecanique.chez-alice.fr/
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