Dès lors, et pour en revenir aux temps présents, la grève portée par les tuteurs de Teluq vient rappeler à propos qu’il est grand temps de se préoccuper de leur statut social ainsi que de celui de tous les éducateurs en général. Non pas seulement pour soutenir un combat corporatiste mais parce que, et de façon plus fondamentale, l’avenir de l’espèce humaine passe par la valorisation de ces métiers là. C’est bien parce que le petit de l’homme naît pas fini et qu’il a besoin d’un tiers pour accéder à sa dimension d’adulte que le recours à l’éducateur est un geste incontournable du devenir humain. Et dans cette perspective, rien ne serait plus grave que de laisser s’accomplir les ravages d’une taylorisation toujours bien présente dans l’organisation des champs d’activité et qui voudrait tenter de faire croire que le tuteur ne serait qu’un répétiteur. Il y a dans ce mensonge politique une telle dénégation des acquis de la psychologie cognitive et des processus d’apprentissage qu’il n’est pas possible de voir dans le mépris des tuteurs ce même mépris qui se développe aujourd’hui à l’égard de la vie.
dimanche 3 février 2008
La chronique de Philippe Gaberan. Le tuteur est un éducateur
Aristote
La figure du tuteur, et toutes celles qui s’y apparentent, a toujours été porteuse d’équivoques et a souvent donné lieu à de fausses interprétations. Ainsi dans l’antiquité grecque, l’éducateur, c’est-à-dire celui qui conduit l’enfant sur le chemin du grandir en l’aidant à choisir et à s’approprier les savoirs nécessaires à cette démarche, est-il souvent un « esclave » ou un « métèque » (c’est-à-dire un étranger à la cité). De cela, nos époques contemporaines toujours promptes à juger sur les apparences en déduisent encore à tort que le tuteur ou bien l’éducateur est un homme de peu, pour ne pas dire un homme de rien. Il est bon alors de rappeler que Aristote fut le précepteur du fils de Philippe de Macédoine, le futur Alexandre le Grand. Il est alors homme de peu puisque Athènes est sous la coupe des Macédoniens et il est pourtant homme de bien reconnu pour sa science. Mais le stagirite, selon ses aveux propres, n’a retiré aucune gloire de sa présence auprès du jeune prince, regrettant que son élève n’ait su mettre ses leçons à profit autrement que par la guerre et les conquêtes. Tout comme plus tard, Condillac, philosophe des Lumières et précepteur de l’Infant de parme, petit fils de Louis XV, regretta de n’avoir su former un « prince éclairé ». Ce qui nous fît soutenir d’ailleurs à l’occasion de notre travail de thèse que l’échouage est le lot de celui qui s’engage dans cette relation d ‘aide éducative (Philippe Gaberan, De l’engagement en éducation)
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