mardi 11 septembre 2007

Didactique et pédagogie du tutorat à distance pour l’apprentissage du Français Langue Etrangère (FLE) : le cas du français académique


Catherine Pamphile (21 avril 2006)
Thèse de didactique des langues, en cours à l’université Paris 3 sous la direction de F. Demaizière.

1. Contexte de la recherche

Après de nombreuses désillusions quant à l’étendue des possibilités des TIC, il est apparu que les dispositifs de formation à distance ne pouvaient se passer d’une médiation humaine, et que l’encadrement des apprenants était crucial. De ce fait, l’accompagnement pédagogique à distance, que nous nommerons tutorat, est aujourd’hui considéré comme indispensable à la construction d’un dispositif de formation à distance (FAD) adéquat.

Cette recherche, que nous menons en tant que membre du projet Favi (français académique virtuel international), réunit des chercheurs de Paris 3 et Paris Dauphine. Depuis plusieurs années, cette dernière dispense des cours de français permettant aux étudiants étrangers de master, doctorat ou au-delà de perfectionner leur français académique. Les étudiants suivent cette formation en présentiel, et à distance par le biais d’une plate-forme WebCT. Le projet Favi a pour but de développer la partie de la formation réalisée à distance. Étant nous-même tuteur dans la formation Favi, nous nous interrogerons sur les caractéristiques que devrait présenter cette fonction.

2. Questions et hypothèses de recherche

Dans le cadre de nos précédents travaux, nous avons vu que le tutorat a plusieurs rôles à jouer au sein des dispositifs de formation. Étant l’interlocuteur privilégié des apprenants, le tuteur peut jouer le rôle de personne-relais entre les apprenants et l’institution et assurer la cohésion de l’ensemble du système. Il est aussi indispensable à la construction du lien social dans les groupes d’apprenants qui se forment à distance, favorisant ainsi la bonne marche du dispositif. De surcroît, nous avons relevé que le tutorat peut être vu comme un outil non pas de médiation, mais de re-médiation aux difficultés rencontrées par les apprenants lors du processus d’apprentissage. En effet, en formation à distance, la médiation pédagogique se réalise par le biais des outils technologiques. Qu’il s’agisse de ressources présélectionnées ou non par un enseignant-concepteur, l’apprenant peut rencontrer des difficultés dans le processus d’appropriation de ces outils technologiques, mais surtout du savoir médiatisé. C’est à ce niveau qu’une seconde médiation, celle du tuteur, s’avère nécessaire.

Dans la continuité de ces premiers travaux, d’autres questions surgissent : Comment mettre en place cette re-médiation ? Dans notre contexte, quelles compétences le tuteur en ligne doit-il posséder pour répondre aux besoins spécifiques du public de français académique ? Quelle attitude (réactive, proactive) doit-il adopter face aux apprenants, en fonction des différentes activités ou scénarios pédagogiques proposés, pour maintenir leur participation et espérer ainsi favoriser leur apprentissage ? Serait-il possible d’ébaucher un répertoire de documents, de fiches flexibles, scientifiquement adaptés aux besoins linguistiques des apprenants, et utilisables par les tuteurs, débutants ou non ?

Nous ferons l’hypothèse que pour qu’il remplisse sa fonction de manière efficace, le tuteur doit faire preuve non seulement d’une bonne maîtrise de ce que représente la relation pédagogique à distance, mais aussi d’une capacité à reconnaître et à déterminer ce qui permettra à l’apprenant de progresser dans son apprentissage. En ce sens, nous partons de l’hypothèse que le tuteur doit être expert du domaine dans lequel il est censé intervenir. Notre travail contribuera à montrer en quoi le tutorat à distance, dans sa fonction première de re-médiation, nécessite une compétence de didacticien de la discipline. Il s’agira de mettre en évidence l’importance de cette expertise didactique du tuteur.

3. Données

Nous analyserons tout d’abord différents types de tutorats existant déjà dans les formations à distance de type universitaire. Puis, il nous faudra analyser les composantes discursives, culturelles et linguistiques d’échanges synchrones et asynchrones à distance entre tuteurs et apprenants. Pour y parvenir, nous nous baserons sur l’observation de corpus provenant des cours de perfectionnement linguistique tutorés à distance et dispensés aux étudiants du projet Favi.

4. Cadre théorique et méthodologique

Notre travail a pour toile de fond la relation pédagogique à distance. Nous essaierons de trouver, au niveau des théories de l’apprentissage, de la linguistique, de la didactique des langues, de la FAD et de ses méthodologies, les éléments qui seront pertinents pour traiter les différentes pistes de réflexion que nous avons évoquées.

5. Résultats attendus

Les résultats attendus de cette thèse sont, à court terme, de cerner une configuration tutorale adaptée à la formation au français académique à distance. Pour le plus long terme, d’une part, nous espérons ouvrir diverses pistes telles que l’ébauche de fiches consultables en ligne et qui pourraient être facilement intégrées dans un dispositif de FAD et utilisées par les tuteurs débutants ou non. Ces fiches, conçues dans le but de former une sorte de base de données, aborderaient plus particulièrement certains points linguistiques fréquents et présentant des difficultés pour les apprenants. D’autre part, nous tenterons d’élaborer un référentiel de compétences, voire un répertoire didactique propre au tutorat dans le cadre de l’apprentissage à distance du français académique.

Nous espérons répondre à certaines questions que pose la recherche actuelle sur le tutorat à distance, et d’apporter notre contribution aux domaines croisés de la didactique des langues, du français académique et des TIC.

Mots-clés : tutorat à distance, apprentissage du FLE, français académique, didactique des langues, pédagogie, TIC.

Source : AEM

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